Opinion

  • Le fait du jour

Le tour de la Guinée

Samedi 5 Septembre 2020 - 17:43

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Par petites touches, le président guinéen a tissé la toile de sa candidature à un nouveau mandat à la tête de son pays qui lui permettra, s’il l’emporte, d’en exécuter un troisième de suite, après les deux premiers gagnés en 2010 et 2015. En annonçant à la fin de l’année dernière son intention de faire adopter une nouvelle Constitution par référendum, Alpha Condé avait, à peine, dissimulé un projet qui semblait lui tenir à cœur, celui de durer encore un peu.

Ses opposants, au premier rang desquels le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée-UFDG-, Cellou Dalein Diallo, avaient beau dénoncer un jeu de cache-cache de la part d’un chef d’Etat arrivé à la fin de son service et que hantait la grande envie de continuer à gouverner, la réponse du président guinéen était toutes les fois la même. Il était animé par la seule volonté de doter le pays d’une loi fondamentale plus adaptée et n’avait aucune intention de se porter candidat à un mandat supplémentaire.

Toutes ces prédictions appartiennent désormais au passé, car le temps s’est chargé de remplir son heure. Les Guinéens iront aux urnes, le 18 octobre prochain. Ils trouveront sur la table des candidats qui vont sans doute être nombreux, un bulletin à l’effigie d’Alpha Condé, 82 ans. Les médias rapportent qu’il a marché de son Palais présidentiel au siège de la Cour constitutionnelle, situé à 100 mètres, pour y déposer son dossier de candidature. Un acte de communication destiné à montrer à ses admirateurs, mais aussi à ses opposants et autres détracteurs, qu’il se porte bien.

Passées les manifestations monstres de l’opposition et des organisations de la société civile guinéenne dénonçant le projet du président, qui se sont soldées par des pertes en vies humaines, la politique comme scène de pacification du jeu des acteurs intéressés par le pouvoir a repris ses droits. Parmi les candidats qui vont affronter le président sortant, il y aura possiblement son opposant emblématique Cellou. Sauf extraordinaire. En apparence, cet homme longiligne de 68 ans, habitué des joutes électorales, qui a contesté la nouvelle Constitution, s’est porté candidat pour éviter l’éclatement de son parti où deux courants antagonistes s’exprimaient sur la question.

Après la Côte d’Ivoire où le président Alassane Ouattara a répondu favorablement à l’appel de son parti, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix-RHDP-, pour briguer un nouveau mandat, en s’appuyant sur la nouvelle Constitution du pays, c’est au tour de la Guinée de suivre quasiment le même schéma. Alpha Condé a été désigné par son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée- RPG-, pour concourir. Il n’a pas refusé. Peut-être pense-t-il, lui qui s’est proclamé « le Mandela de la Guinée » que son peuple ne lui refusera pas un nouveau mandat. On ne pouvait rien refuser à Madiba.

A ceux qui avaient en tête de morceler l’Afrique en distillant l’idée qu’il y en a des régions extraordinairement démocratiques et d’autres complètement antidémocratiques misant sur le rapport de ces régions à la survie des Constitutions en expérimentation depuis la démocratisation du début des années 1990 d’envisager le débat autrement. Peut-être donc se pose –t-il un problème de fond que ne pourrait résoudre que la pratique. Le temps se chargera de dessiner les contours de l’exercice du pouvoir sur le continent-berceau de l’humanité. Ne disons pas qu’un chemin est tracé d’avance.

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles