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Gare à l’abus des termes « demi-frère » et « demi-sœur » !

Samedi 3 Octobre 2020 - 16:45

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La terminologie utilisée dans le registre soutenu de la langue française ne fait pas l’unanimité dans la conception africaine des rapports de parenté consanguine au niveau des foyers. Dans de nombreuses localités du pays, l’emploi répété de cette terminologie cause certaines divisions entre des demi-frères et sœurs. Il peut aussi influencer négativement l’affection des enfants vis-à-vis de l’un de leurs parents.

Le constat est là. Dans l’un des quartiers d’une sous-préfecture que nous taisons le nom, cela s’est passé à peine quelques semaines. Un malentendu familial est né à la suite de l’emploi répété par un parent qui a annoncé la préparation de la rentrée scolaire à ses enfants :  « Je souhaite d’abord m’occuper de vos demi-frères et votre demi-sœur puisqu’ils vont regagner Brazzaville bientôt ». Quatre jours après, ce même parent revient avec le même discours puisqu’il avait réussi à rassembler l’essentiel des fournitures scolaires des « demi-frères » et de la « demi-sœur ». Ces propos ont été mal accueillis par les deux autres frères nés de ce père et de la nouvelle maman au foyer.

Et quelques jours après, pendant l’absence de papa, ces propos ont déclenché une vraie bagarre rangée dans la fratrie. « Vous êtes nos demi-frères. Pourquoi vous venez souvent  passer les vacances ici au lieu de rester à Brazzaville avec votre maman ? » Pour ces jeunes frères nés d’une nouvelle maman au foyer, ce terme signifierait un sang divisé. Donc, ils ne sont pas du tout frères avec ceux-là. Ce qui revenait à dire qu’ils ne partagent pas du tout le même sang avec leurs frères. Ces propos qui frôlent à la fois la division et  le rejet ont été mal appréciés par les gens du quartier qui ont sévèrement condamné le chef de famille qui a  divisé lui-même ces enfants.

 Cet exemple n’est qu’un cas parmi tant d’autres, car le terme « demi » a une charge sémantique péjorative en matière de parenté consanguine. Un demi-frère ou une demi-sœur pour ces jeunes gens qui sont appelés à partager ensemble durant toute leur vie une bonne et meilleure fratrie est impropre. Pour eux, la demi-personne n’existe pas. Ou ils sont des frères et sœurs ou ils ne le sont pas. Encore que l’emploi sans cesse par l’un des parents divorcés de ces termes quand il s’adresse aux enfants ne les rassure pas, car ces termes portent atteinte aux rapports qui lient les enfants entre eux dans cette nouvelle fratrie. Cela peut occasionner de l’antipathie au plan fraternel.  

Ces termes poussent de plus en plus des enfants du couple divorcé à penser que leurs parents biologiques sont définitivement séparés et ne peuvent se remettent ensemble. Ces enfants des parents divorcés, quand ils entendent souvent cette terminologie, sont deçus. Ils risquent de se considérer comme des intrus dans cette nouvelle fratrie.  

Il est donc clair que les termes « demi-frères » et « demi-sœurs », quand ils sont abusivement utilisés par des parents divorcés, troublent psychologiquement des enfants qui ressentent la désaffection parentale et fraternelle. Il revient donc aux parents de rassurer tous leurs enfants en écartant soigneusement ces termes dans leurs interventions.  

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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