Opinion

  • Le fait du jour

Sahel: repenser le diagramme antiterroriste?

Samedi 10 Octobre 2020 - 18:40

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Les derniers développements de l’actualité au Mali fondent chez beaucoup l’espoir que le conflit entre les forces régulières de ce pays et les insurgés n’est pas insoluble. Au moins en partie. Ce bémol parce que l’expérience a montré que les mouvements rebelles qui se réclament des idéologies totalitaires ou parlent au nom des croyances religieuses improbables peuvent être une nébuleuse difficile à localiser. C’est ainsi que dans la plupart des cas, quand des accords de paix sont signés, leur mise en œuvre prend beaucoup de temps justement à cause de l’hétérogénéité de ces groupes.

Dans ce qui a lieu au Mali, les observateurs considèrent la libération, le 8 octobre, de quatre otages détenus par les insurgés qui se réclament de l’organisation Etat islamique comme un signe d’apaisement d’autant plus que ce dénouement a permis la sortie des prisons officielles maliennes des dizaines de combattants rebelles. Il est possible que les autorités de transition en poste depuis seulement quelque temps se réjouissent de la succession de bonnes nouvelles concernant leur pays.

La première de ces bonnes nouvelles est la levée des sanctions imposées au Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest-CEDEAO-, au lendemain du coup d’Etat du 18 août. La seconde, comme rappelé plus haut, est l’échange de prisonniers intervenu entre le gouvernement et les groupes rebelles. Ces aboutissements ont des effets positifs sur le plan intérieur malien, mais aussi sur le plan extérieur. Ils permettent de regarder désormais la situation globale de la région du Sahel sous un autre jour.

Ceci expliquant cela, les forces internationales mobilisées contre le terrorisme dans cette région pourraient voir leurs missions reprécisées pour tenir compte de l’agenda du pouvoir transitoire en place au Mali. Ce pays faisant partie, avec le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad des cinq postes avancés qui, sous l’assistance de la France, constituent le G5-Sahel, il paraît logique, après les changements intervenus au sommet de l’Etat, que les parties se concertent dans le cadre de cette union « sacrée ».

On sait par contre que depuis son opérationnalisation, le G5 Sahel est confronté à plusieurs défis, les plus en vue étant liés à l’affectation de la logistique qui convient. Peut-être même que se posent aussi les problèmes de commandement, de cohérence dans les interventions sur le théâtre des opérations. D’une chose l’autre, les militaires maliens ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta expliquaient aussi leur démarche par l’absence de moyens adéquats pour faire la guerre sur un terrain qu’ils connaitraient mieux que les contingents étrangers.

Le chef d’Etat de transition, Bah N’Daw déclarait lors de son investiture, le 25 septembre, qu’il prendrait en compte les doléances des militaires pour répondre à l’impératif de restaurer l’intégrité du territoire malien. Les jours à venir diront si la vague de libérations des otages et autres prisonniers djihadistes sera suivie d’autres et si les parties en présence avanceront dans l’application des accords de paix retardée en partie par le délitement décrié de l’Etat malien.

Si de telles avancées se produisent, elles ne manqueront pas de redessiner la carte antiterroriste dans la zone dite des trois frontières Mali-Burkina Faso-Niger.  

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles