Les stratèges italiens redoutent les effets du terrorisme sur le climat des affaires dans les pays africains

Jeudi 20 Novembre 2014 - 16:45

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La persistance des guerres et des conflits crée une situation d’incertitudes dont se méfient les entrepreneurs italiens selon un rapport publié mercredi à Rome

Les milieux des affaires en Italie ont diligenté un rapport pour étudier les effets lointains dans le climat des affaires de l’avancée au Proche-Orient du mouvement extrémiste musulman État islamique (IS). Il en ressort que si les effets sur un pays producteur de pétrole comme la Syrie sont évidents, ceux-ci ne se limitent pas à la seule zone proche-orientale. D’une manière générale, il est souligné que guerres et violences pénalisent fortement la volonté d’investissements et de partenariat.

Produit par la Fondation ICSA et présenté mercredi à Rome par le Centre des hautes études de défense (CASD), le rapport dresse une échelle de notation pour les pays intéressés par la coopération italienne. Les critères retenus prennent en compte plusieurs variables, ont expliqué les experts : ils vont des attaques terroristes, épisodes de criminalité, manifestations, révoltes, actes de pirateries, enlèvement de personnes, et aux sabotages d’infrastructures. Une palette de couleurs accompagne la classification, la couleur rouge étant affectée aux pays considérés comme les plus dangereux.

D’ailleurs, sorte de consolation pour les nombreux pays africains de la liste, seule la Syrie reçoit cette mention de couleur, la totalité des casiers y étant remplis aussi bien pour ce qui est du terrorisme, de la criminalité, des manifestations que des enlèvements d’entrepreneurs ou d’étrangers en général. L’Italie y compte au moins trois ressortissants encore aux mains de mouvements djihadistes. Parmi eux, il y a même un prêtre jésuite, le père Dall’Oglio, dont on est sans nouvelles depuis plus d’un an. S’y sont ajoutées deux jeunes coopérantes humanitaires milanaises, Vanessa Marzullo et Greta Ramelli, enlevées en août dernier.

Pourtant le primat syrien (9,71 points sur 10) ne se traduit pas par un meilleur placement pour le continent africain. C’est le continent de détention de beaucoup d’entrepreneurs italiens même si, à l’instar du technicien Marco Vallisa, 53 ans, libéré il y a quelques jours en Libye, la plupart d’entre eux finissent par recouvrer la liberté (moyennant payement de rançons ?). La République démocratique du Congo (8,88), la Somalie (8,65), la République Centrafricaine (8,59), l’Égypte (8,29), le Soudan (8,18) constituent aussi des pays à risque aux yeux des entrepreneurs italiens au même titre, disent-ils que d’autres nations comme le Pakistan, le Yémen… ou la Russie.

Sans être vraiment des pays de terrorisme endémique, Nigéria, Kenya et Algérie jouissent d’un préjugé relatif à la suite d’épisodes qui ont défrayé la chronique,  selon l’analyse des experts de défense italiens. Ils expliquent que « l’avancée de l’IS a déstabilisé encore davantage une vaste zone parmi celles où sont présents d’importants intérêts nationaux (italiens) et européens. Elle finit par avoir de pesantes répercussions sur l’économie et sur les investissements de nos entreprises à l’étranger, surtout dans les secteurs de l’énergie. Elles finissent par s’ajouter à celles déjà  générées par l’alarmante crise en cours entre l’Ukraine et la Russie ».

Lucien Mpama