Opinion

  • Analyse

Dialogue ou Référendum : la clé du dénouement se trouve en haut lieu

Mardi 31 Mars 2015 - 17:29

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016 s’est incrusté un débat fort remuant pour la classe politique congolaise. Il porte sur l’avenir de la Constitution du 20 janvier 2002.La possible convocation d’un dialogue inclusif sur lequel plusieurs acteurs fondent l’espoir de voir le pays sortir de cette discussion sans heurts en est le corollaire.

Depuis plusieurs mois, les discours entendus des uns et des autres se concentrent pour l’essentiel autour d’une question devenue fondamentale : le dialogue envisagé ouvrira-t-il, oui ou non, la voie à l’organisation d’un référendum constitutionnel ? Et aussi, d’une seconde, tout aussi pertinente : à qui appartient l’initiative du dialogue et ou du référendum ?

Forcer la main ?

Il y a quelques semaines, l’opposition invitait instamment le président de la République à convoquer pour le mois de mars passé, le dialogue tant espéré. Elle en fixait aussi l’ordre du jour, avançant que cette rencontre devrait fondamentalement se focaliser sur l’amélioration de la gouvernance électorale. Au nombre des préalables qu’elle mettait en avant figuraient, entre autres, l’adoption d’une nouvelle loi électorale, l’installation d’une commission nationale électorale indépendante, l’organisation d’un recensement administratif spécial. Les partis signataires du mémorandum contenant ces délibérations, parmi lesquels l’UPADS, l’UPRN, le PSDC et l’Udr-Mwinda se signalaient sous le label de « Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et pour l’alternance démocratique », en sigle FROCAD.

Dans ce même ordre d’idées, l’Alliance pour la République et la démocratie donnait à son tour une conférence de presse, le 20 mars. Sur un ton plus ou moins assuré, son leader, Mathias Dzon fixait au 31 mars, au plus tard, la date du fameux dialogue, et en profitait pour annoncer son engagement de se porter candidat à la présidentielle de 2016. Sur cette dernière trouvaille, il faut dire qu’il n’est pas le premier. Avant lui, le secrétaire général du MCDDI, Guy-Brice Parfait Kolélas déclarait au cours d’une rencontre avec sa base que son parti briguera le fauteuil suprême. Ce qui est par contre moins aisé à comprendre dans les prises de position du FROCAD et de l’ARD, est cette tendance à l’injonction, lorsque ces deux mouvements parlent du dialogue national.

Dos à dos ?

Pourrait-on, sur ces entrefaites, penser que le pouvoir perdrait la main, et que l’initiative d’une éventuelle rencontre d’envergure nationale reviendrait aux dirigeants du FROCAD ? Sinon, sur quoi les parapheurs du mémorandum du 20 mars s’appuient-ils pour se mettre dans une telle disposition d’esprit à ce moment précis où rien n’a entamé la légitimité des institutions en place ? Peut-être cette opposition qui semble avoir tout proposé et épuisé ses arguments, se compare-t-elle à la majorité présidentielle, elle aussi, toujours en train de tout tenter pour espérer se présenter sous le meilleur jour le moment venu ?

Le 20 janvier, lors de l’adoption par la majorité de sa déclaration sur le changement de la Constitution, l’engouement fut peu remarquable que celui constaté en revanche, le 10 mars, lorsque la plupart des partis qui la composent étaient représentés : PCT, naturellement, mais aussi, MAR, RC, DRD, UR, RDPS, ou encore UFD. Manquaient à l’appel, et cela est devenu de notoriété publique, le MCDDI et le RDD. On pourrait aussi noter, malgré cette effervescence des formations de la majorité que cette dernière n’avait pu épuiser ses débats et s’était donné rendez-vous pour le 17 mars.

La clé 

À ce jour, les partis de la majorité présidentielle poursuivent leurs concertations internes. L’opposition proposera-t-elle, sans doute, une autre « date buttoir » pour les retrouvailles envisagées ? C’est bien pourtant la preuve, s’il en faut une, que politiquement parlant, l’Opposition et la Majorité ne trouvent pas par elles-mêmes les mécanismes du dénouement de ce débat sur le dialogue national et l’éventuel changement de la Constitution. Sur cette considération, renvoyer les deux familles politiques dos à dos ne serait pas exagéré. Mais, sans parler d’impasse, dans la mesure où la date du dialogue politique n’est pas encore fixée, il parait logique de noter que dans les circonstances actuelles, le président de la République seul détient les clés de ce qui se fera d’ici quelques mois dans le pays.

L’écoute assidue, il fera peut-être encore durer le suspense, si l’on se réfère à sa vision exprimée sur la question dans son message à la nation, le 31 décembre dernier : «  L’année 2015 sera, à l’instar des années passées, celle du travail acharnée en vue du mieux-être des Congolais. Il n’y aura pas en conséquence de place pour les querelles politiciennes et le déchirement ». Puis d’appuyer délicatement sur l’abcès sans envie de le crever : « L’élection présidentielle, ce sera en 2016, et les élections législatives en 2017. On a le temps de les voir venir. Travaillons d’abord, viendra après le temps des joutes électorales ».

On le constate : avant les joutes électorales, les joutes verbales ont commencé. Pour les opérateurs politiques, évidemment, le temps presse.

 

 

 

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Analyse : les derniers articles