Enquête : Les Congolais et les TIC

Samedi 18 Avril 2015 - 10:27

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En seulement une dizaine d’années, le rapport des Congolais face à l’accès et à l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication a nettement changé. La culture numérique qui se manifeste par un usage des TIC dans les activités quotidiennes s’imbrique peu à peu dans les pratiques culturelles des Congolais.  Bien que la fracture numérique soit manifeste, il n’est pas rare de voir un citoyen congolais muni d’un PC portable, d’une tablette tactile ou encore d’un smatphone. Ainsi, télécharger, envoyer un SMS, discuter sur what’s up, se connecter sur Facebook et publier des photos font partie des pratiques quotidiennes des jeunes congolais.

 

Il n’est pas rare d’entendre que le numérique est une culture  pour « les jeunes ». En effet, du point de vue de Marc Prensky, dans son ouvrage « Digital natives, digital immigrants » les enfants d’aujourd’hui, dès le plus jeune âge, utilisent avec un naturel surprenant les supports numériques. Pour les jeunes, la caractéristique majeure est que le numérique, par les usages soutenus qu’ils en font et l’investissement affectif et temporel qu’ils lui consacrent, fait pleinement partie de leur quotidien.  Sur Internet, ceux qu'on appelle communément "les jeunes" ou « Digital Natives » dominent.

Ils sont 60% de la population...

Plus technophiles et habitués à vivre une souris à la main, il n'est pas étonnant qu'ils soient les premiers consommateurs de web. Le succès des TIC en République du Congo tient au fait que la population est relativement jeune avec une moyenne d’âge de 19 ans. Ils représentent plus de 60% de la population active. Cette catégorie constitue l’essentiel des utilisateurs des dispositifs technologiques comme les Smartphones, les PC, les Tablettes numériques et les consoles de jeux vidéo. À titre d’exemple, selon les statistiques publiées sur le site Socialbaker, les Congolais utilisant le réseau social Facebook sont constitués à 47% de jeunes âgés entre 18 et 24 ans et à 23% de jeunes âgés entre 25 et 34 ans.

À la différence des plus âgés, les jeunes d’aujourd’hui disposent de l’ensemble des habiletés personnelles, technologiques et intellectuelles nécessaires pour évoluer dans un monde numérique. Ils peuvent être classifiés en deux groupes. Il s’agit de la génération C, née entre 1984 et 96 et  la génération Y qui comprend les individus nés entre 1978 et 1988. La liberté de communiquer et de partager est l’un des principaux mobiles de l’usage des TIC par ces catégories de  jeunes congolais. Dialoguer, échanger avec les autres et se divertir via le réseau Internet ou encore grâce à des applications comme Viber et Whatsup sont des pratiques très courantes chez nos jeunes.  Ils sont les fers de lance de la révolution numérique car ils se servent davantage et souvent mieux des nouveaux médias que leurs parents. Ces nouveaux médias permettent une libération de la parole.

De nombreux adolescents qui ont des difficultés à exprimer  leurs idées et à s’intégrer dans la vie active y ont recours. Ils sont un facteur de socialisation dans la mesure où les sites de réseaux sociaux comme Facebook permettent à ces jeunes élèves, étudiants ou immigrés de communiquer avec les membres de leurs familles dont ils sont éloignés. Les TIC sont aussi un vecteur culturel extraordinaire. Sans contester les torts réels que le téléchargement illégal fait au droit d’auteur,  Il est impératif de souligner le fait que la musique congolaise n’a jamais été aussi accessible qu’avec les échanges de pair à pair via Bluetooth et les réseaux sociaux de partage comme Youtube ou Myspace. Les blogs ou certaines vidéos diffusées sur les sites de partage montrent également la vitalité de la création de la jeunesse congolaise. Cela se justifie par la variété des offres en termes de connectivité et l’arrivée de l’Internet mobile.

313.836 utilisateurs en 2014 !

La téléphonie mobile, une révolution des modes de communication. Le mobile a changé  notre façon d’utiliser Internet. « Les natifs du numérique » sont devenus des consommateurs nomades qui restent branchés en tout temps et en tout lieu et qui ont la possibilité d’échanger des informations à distance. C'est-à-dire qu’au moyen d’un téléphone intelligent, d’un baladeur MP3 ou d’une tablette numérique, l’usager a la possibilité de se connecter à un réseau sans contrainte de temps, de localisation, ou de terminal.

On parle alors de ce que Xavier Dalloz qualifie de technologies facilitant la mobilité et l’ubiquité. C'est-à-dire : AnyTime, AnyWhere, AnyDevice, AnyContent. Dans notre pays, l'utilisation des dispositifs mobiles a « explosé ». Le nombre d’utilisateurs du réseau Internet selon le site internetworldstats est passé de 245,200 en 2009 à 313,836 utilisateurs en 2014. 

Selon l’ARPCE (Rapport 2013 du marché de la téléphonie mobile) au 31 décembre 2013, le marché congolais comptait plus de 4,3 millions d’abonnés répartis entre les différents opérateurs. Ces chiffres donnent une bonne indication de l’inclusion numérique, de la pénétration des technologies mobiles et montrent qu'au cours des dernières années, il y a eu une augmentation rapide de l'utilisation du réseau Internet et des dispositifs mobiles dans notre pays.  

Néanmoins, dès lors que l’on reconnaît l’influence des TIC sur la société congolaise, il faut aussi admettre que les TIC peuvent nuire à l’équilibre des jeunes utilisateurs. Notamment en les exposant aux  dangers de la cyberdépendance ou encore par diffusion de contenus violents.

 

Antonin Idriss Bossoto

Légendes et crédits photo : 

Crédits photo: DR