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Feu la CPI !

Samedi 11 Février 2017 - 13:05

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Que la Cour pénale internationale soit condamnée à plus ou moins brève échéance ne fait guère de doute. Ayant centré ses actions quasi exclusivement sur l’Afrique, s’étant montrée en outre incapable de mener ses investigations rapidement et de façon indiscutable, elle s’est déconsidérée au point que plus personne, ses juges et ses procureurs exceptés, ne lui accordent le moindre crédit. Une faillite accablante dans un domaine essentiel pour la protection des droits de l’homme à l’échelle mondiale qui a signé, si l’on peut dire, son arrêt de mort.

Même si l’on ne sait pas, officiellement du moins, ce que se sont dit à ce propos les chefs d’Etat réunis récemment à Addis-Abeba  dans un huis clos consacré à cette question, il est certain que les Etats africains, dans leur grande majorité, récusent désormais ouvertement une institution judiciaire dont les relents coloniaux sont évidents. Et que, par conséquent, les jours de la CPI sont comptés comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises dans nos colonnes ces derniers mois.

Dès lors que l’on en arrive à ce point de non-retour deux questions essentielles viennent aussitôt à l’esprit des observateurs attentifs que nous sommes. Deux questions que voici, résumées en quelques mots et auxquelles la communauté africaine va devoir apporter rapidement des réponses claires, que cela lui plaise ou non.

Première question : l’Union Africaine s’accordera-t-elle  pour substituer à la Cour pénale de La Haye une institution judiciaire proprement africaine, dont le siège serait situé sur le continent et qui disposerait de toutes les compétences nécessaires pour mener à bien les actions que justifieraient  les crimes contre l’humanité commis sur son sol ?

Deuxième question : l’échec de la CPI aboutira-t-il, comme cela devrait logiquement se faire, à la libération des hommes – Laurent Gbagbo et Jean-Pierre Mbemba notamment – dont le procès traîne  en longueur depuis des années et dont les avocats dénoncent à juste titre les conditions de la détention, les enquêtes bâclées, les conclusions pour le moins hâtives ?

Il va de soi que l’une et l’autre de ces questions, si elles sont posées publiquement par les autorités africaines, soulèveront un tollé dans les milieux prétendus bien-pensants qui appuient  les juges de la CPI sans jamais s’interroger sur la légitimité de la Cour. Mais cela n’empêchera nullement le processus qui s’engage sous nos yeux d’aller jusqu’à son terme. Ainsi le veut, ainsi l’exige le puissant mouvement qui conduit l’Afrique à se débarrasser enfin des ultimes vestiges du joug colonial qui marqua les siècles précédents.

Qu’il nous soit permis, pour conclure cette réflexion, de conseiller aux spécialistes africains du droit international de se mettre rapidement autour d’une table afin de réfléchir au processus qui permettra de préciser les contours de la future Cour pénale africaine (CPA). Alors, en effet, ils empêcheront la réédition, sous une autre forme, des erreurs commises par les juristes occidentaux lorsque ceux-ci imposèrent leur vision du droit et pesèrent de tout leur poids afin que naisse la CPI.

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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