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Le milliard de la politique

Samedi 11 Février 2017 - 14:29

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Les petites, moyennes, et grandes entreprises politiques du microcosme congolais ont été édifiées, le 7 février, sur la somme d’argent qui leur sera versée cette année par l’Etat au nom de la caisse publique. Ce sera un milliard FCFA, à consommer dans le cadre de leur fonctionnement, sans doute avec la transparence qui doit accompagner la gestion de l’argent du contribuable.

Ce milliard a néanmoins de quoi alimenter la compétition au sein des équipes, et à plusieurs titres. D’abord pour les formations politiques elles-mêmes. Ce ne seront pas en effet toutes qui entreront en possession de l’enveloppe, car les critères d’éligibilité sont des garde-fous nécessaires au terme de la loi sur le financement de l’activité politique. Seuls, les partis ayant des élus dans les institutions électives (assemblée nationale, sénat, conseils municipaux et départementaux), bénéficient de ce financement.

Et puis aussi, les batailles intérieures d’accès à la fonction dirigeante au sein du parti. Pour ne pas caricaturer, disons que les instances de direction des formations politiques sont censées ordonner la répartition du montant proportionnel versé à ces dernières. Il n’est pas exclu, lorsque le parti est élu à la caisse du milliard, que l’on assiste tout de même à la recomposition des équipes, dans le sens de voir un peu clair sur le chemin que prendra la subvention de l’Etat au regard des expériences du passé.

Jusqu’à présent, d’après les informations communiquées par le ministre de l’Intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou, lors de l’adoption par le Sénat du texte de loi dont il est question, seulement dix-neuf partis politiques bénéficient de cette subvention publique. Un nombre, en apparence dérisoire, puisque finalement, pour ses quelques quatre millions et demi d’habitants, le Congo compte au total cent cinquante-trois partis. Mais les dix-neuf sont ainsi classés au regard de l’émulation que leur fait subir le peuple-électeur.

De ce qui précède, il y a lieu de se féliciter, au regard de cette loi, de la réorganisation continue de la vie politique, gage sûr de la consolidation de la jeune démocratie congolaise. Aux acteurs politiques de la majorité, de l’opposition et du centre, de prendre la mesure des enjeux, et de faire de leurs instruments de conquête du pouvoir politique, des leviers importants de la formation du citoyen à la vie de la nation, à l’apprentissage du civisme afin de mériter de l’espoir que le pays place en eux.

S’il est un autre enjeu pour l’ensemble des partis y compris ceux qui ne sont pas listés pour le moment sur la fiche de paye du Trésor public, il serait de songer à s’implanter réellement sur l’ensemble du territoire national. L’arrière-pays est en effet aujourd’hui doté d’infrastructures qui peuvent aider à cela, notamment avec l’érection des chefs-lieux de districts en des cités où il fait bon vivre. Il serait difficile pour eux de revendiquer une certaine idée de la cause nationale avec une représentation inconnue dans l’hinterland.  

A moins de penser que pour certains dirigeants l’ambition s’arrête avec la création du parti ; que la radio, la télévision et la presse sont les seules tribunes de leur existence. Ceux qui la conçoivent ainsi savent que le seul service que la politique peut leur rendre à ce niveau, est de regarder les choses avec beaucoup de réalisme : ils n’aiment pas la politique, la politique ne les aimera pas.

Gankama N'Siah

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