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La France est-elle au bord du gouffre ?

Samedi 18 Février 2017 - 12:59

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La tentation est de plus en plus forte, chez de nombreux observateurs de la scène internationale, de répondre "oui" à cette question. Et l'on doit reconnaître que la conjugaison désastreuse des actions judiciaires engagées contre le candidat des Républicains à l'élection présidentielle, des déclarations pour le moins malhabiles des candidats de la gauche, de la montée de l'extrême droite dans les intentions de vote, des désordres croissants dans la banlieue parisienne, de la dérive des finances publiques avec un endettement national de plus en plus lourd semble donner raison aux prophètes de malheur, aux mauvais augures qui surfent avec délectation sur la grande vague du pessimisme. Mais la France a vécu tout au long de son Histoire tant d'épreuves, survécu à tant de drames politiques que l'on peut être certain - c'est en tout cas notre conviction - qu'à plus ou moins brève échéance elle trouvera la force de se redresser.

Trois facteurs au moins se conjuguent qui conduisent à une analyse moins pessimiste de la situation que celle déversée en continu par les acteurs politiques et les grands médias de l'Hexagone.

° Le premier de ces facteurs tient à la richesse du pays dont les finances publiques ont, certes, été gérées en dépit du bon sens tout au long des trois dernières décennies par les gouvernements de gauche comme de droite, mais qui figure toujours dans le peloton de tête des nations les plus prospères du monde. Même si la France n'est plus très éloignée de la faillite étant donné la dérive constante de ses dépenses publiques, elle détient un capital industriel et financier, des compétences techniques et scientifiques, des capacités de recherche et d'innovation qui autorisent tous les espoirs. Le vrai problème qu’elle doit résoudre aujourd’hui est celui de sa gouvernance publique qui est désastreuse. Il est donc fondamentalement politique.

° Le deuxième facteur est la puissance de l’appareil d'Etat français. Issue très directement du désordre que généra la Révolution de 1789, cette vieille machine aux rouages multiples - gestion administrative nationale et locale, finances, défense, enseignement, diplomatie, culture, etc - dont les fondements ont été jetés par l'Empereur Napoléon Bonaparte n'a pas cessé au fil du temps de renforcer ses structures. C'est elle qui détient le véritable pouvoir car elle n'est pas soumise aux aléas de la politique comme le sont le président de la République, le chef du gouvernement, les ministres, les sénateurs, les députés, les élus locaux et régionaux. Et même si la pesanteur de l’appareil d’Etat rend difficiles les réformes que l'évolution du monde exige elle constitue pour la société française un rempart que rien ne peut ni ne pourra détruire.     

° Le troisième facteur est constitué par le puissant réseau mondial que rassemble la communauté francophone. Unie par la langue, l'art, la science, l'enseignement, mais aussi et même si cela se voit moins par la diplomatie, la cinquantaine de pays qui la composent a tout intérêt à accompagner la France dans le long et difficile processus de redressement qu'elle va devoir entreprendre. Et même si, comme l'a très justement fait remarquer la semaine dernière, à Alger, le candidat de gauche Emmanuel Macron, elle a commis des crimes en diverses régions du monde à l'époque coloniale, elle est toujours perçue dans les pays du sud comme un allié sûr face à des grandes puissances qui semblent vouloir s'affronter à fleurets démouchetés dans le proche avenir.

Nul ne peut dire aujourd'hui ce qui sortira des urnes dans les trois prochains mois et mieux vaut se garder d'anticiper le choix que feront demain les électeurs. Mais l'on peut tenir pour certain que la France restera un partenaire fiable pour les pays avec lesquels elle a tissé des relations fortes au fil du temps.

Fillon, Macron, Mélenchon, Le Pen, Hamon et pourquoi pas un outsider qui s'inviterait dans la campagne agitée qui se déroule sous nos yeux ? Tout peut arriver, d’où le conseil que nous formulons de ne pas anticiper et de s'en tenir aux certitudes ici résumées. Ce sont elles, en effet, qui gouverneront la France demain comme hier et que devra respecter le nouveau locataire du Palais de l'Elysée, qu’il le veuille ou non, que cela lui plaise ou pas.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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