Couleurs de chez nous: « Animaux de rue »

Lundi 10 Avril 2017 - 12:00

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On connaît le terme « enfants de rue ». On sait ce qu’il désigne : ces enfants abandonnés, sans abris, orphelins pour certains et évadés des toits familiaux pour d’autres, qui dorment à la belle étoile, le long des artères principales des villes ou ailleurs dans nos agglomérations.

Et « animaux de rue » alors ? Ce terme n’existant pas, on peut le créer par analogie avec le phénomène ci-haut décrit et décrié. En effet, allusion est ici faite à ces divers animaux qui peuplent nos cités. Au Congo, bien de gens affectionnent la compagnie des animaux domestiques que sont les chiens et les chats.

Comme il faut se nourrir, volaille et ovins ont ainsi leur place dans les habitations congolaises. En passant, les Congolais qui n’ont pas une tradition pastorale ou d’éleveurs se passionnent à élever les coqs, les poules, les canards, les pigeons, les cabris, les porcs, etc.

Où est le problème dans tout ça ?

Il est dans la forme de cet « élevage » qui, non seulement n’obéit pas aux règles, mais surtout se pratique sur des sites non autorisés si bien que le résultat n’est pas celui escompté. Mal élevés, ces coqs et poules ne donnent plus envie d’être consommés. Et peu sont ceux qui s’y essayent. Abandonnées à leur destin, ces bêtes écument nos quartiers et errent dans les rues à la recherche d’une graine ou d’une petite herbe disponibles.

Parce qu’affamés, et pour survivre, ces chiens sont obligés de manger à la sueur de leur front. C’est ainsi que reconvertis en « voleurs », et souvent en embuscade, ils sont prompts à plonger leur gueule dans une marmite fumante pour en extirper un morceau de viande. La suite est connue : une course-poursuite à travers rues et chalets, en ville comme au village.

Cet élevage raté donne désormais lieu à un spectacle indigne des villes : des coqs et des poules qui prennent d’assaut les poubelles et autres décharges publiques ; des cochons qui foncent leur museau dans la boue en remuant tout sur leur passage ; des moutons qui causent des embouteillages lors de leur traversée de routes ; des chats qui jouent au cache-cache dans les maisons abandonnées ; des chiens qui s’accouplent devant des enfants ébahis quand ce ne sont pas ces derniers qui les y poussent ignorant d’ailleurs les dispositions biologiques de ces mammifères ; mêmes scènes du côté de ceux de la basse-cour ; encore des chiens qui traînent des plaies sur les oreilles ; des cabris qui dispersent leurs excréments sur le trottoir si bien que certains enfants se plaisent à les ramasser pour en faire de billes ; etc.

Tel est le côté cour de notre « élevage sauvage » qui, comme la médaille, présente son envers. Ici, le tableau est des plus sombres et des plus inquiétants en termes de conséquences souvent jamais évaluées : des carcasses de chiens en décomposition et susceptibles de provoquer des maladies ; des cadavres d’animaux souvent ramassés par des bouchers pour la revente ; des fientes à la portée des tout-petits qui n’hésitent pas à y mettre la main ou à se les envoyer dans la bouche…

Comprenons qu’il s’agit ici d’un trait de notre société, une des couleurs de chez nous.

 

 

 

 

 

 

Van Francis Ntaloubi

Légendes et crédits photo : 

cp/dr

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