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Toujours à propos de la colère de Washington

Lundi 17 Avril 2017 - 12:30

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Les frappes américaines contre une base militaire syrienne, dans la nuit du 6 au 7 avril, font toujours parler d’elles dans le monde. Premier acte de guerre de l’administration Trump, elles ont dans une certaine mesure réchauffé le climat entre l’Amérique et ses alliés de l’Otan, un peu sur la crainte du défilement du « grand frère » lorsque le nouveau président de la première puissance mondiale disait de leur instrument de défense commune qu’elle était passée de mode et ne valait plus rien.

Ces frappes ont donc à peu près remis les choses en ordre pour les pays occidentaux : ils ne peuvent avoir avec la Russie, particulièrement, que des rapports empreints de suspicions, et sur le plan formel, le fait pour Washington d’embrayer sur le conflit syrien, dans lequel Moscou, en puissance, jouait tout seul depuis plusieurs mois, a fait chaud au cœur en Europe. Donc les Européens peuvent encore compter sur les Etats-Unis pour continuer la querelle avec les Russes, tant sur le terrain militaire où ils n’avaient jusque-là aucun mot à dire, que sur la sphère économique qu’ils contrôlent assez bien du fait des sanctions infligées à la Russie depuis l’annexion de la Crimée en 2014.

Tout compte fait, la bipolarisation que l’on croyait révolue avec la chute du Mur de Berlin, il y a de cela plus d’un quart de siècle a encore toutes les chances de survie. A la seule différence qu’aujourd’hui, contrairement à ce qu’elle fut hier, l’autre camp, celui de la Russie n’a plus beaucoup de souscripteurs, les pays satellites de l’Europe de l’Est étant globalement devenus maîtres de leur destin. En revanche, même s’il affiche comble, le camp de l’Otan n’est pas fait que d’inconditionnels. Bien des nations qui en sont membres évitent la logique de l’affrontement sans fin envisagée par certaines d’entre elles. C’est là, certainement, que réside la modique chance pour l’humanité de tenir encore quelques années en paix. Mais combien d’années ?

En termes de camps, peut-être devrait-on en ajouter un troisième, pour biaiser la clause de bipolarisation évoquée plus haut. Celui par exemple de la Corée du Nord, sur le pied de guerre depuis la fin de la guerre de Corée en 1953 et la division de ce territoire en deux Etats. Sur RFI, l’autre jour, une chercheuse témoignait du climat de peur qui traque Pyongyang du fait de la présence à ses frontières de troupes étrangères (américaines en l’occurrence) qui y stationnent avec tous les arsenaux possibles. Elle expliquait une part de « l’hystérie » des dirigeants de ce pays par la crainte d’être à tout moment envahis sur leur territoire. Ils doivent l’être encore plus aujourd’hui depuis que le président Donald Trump a laissé entendre que les Etats-Unis étaient prêts à « régler » tout seuls le problème nord-coréen.

Jamais trois sans quatre, regardons aussi le quatrième camp : celui de la nébuleuse terroriste à laquelle, depuis plusieurs années, tous les pays du monde sont confrontés. Ce camp est sans Etat, puisque celui qu’il forgeait entre l’Irak et la Syrie est, cela bien que difficilement, en passe d’être démantelé ; il est presque sans visage, mais il existe, possède de grands moyens lui aussi, frappe quand il veut et où il veut. Les analystes pensent qu’il constitue la plus grande menace des temps présents et à venir.

Enfin, le cinquième camp pour ne pas s’étendre indéfiniment, celui des inégalités entre les peuples et les nations. Il est, d’après certaines études, à l’origine des contributions terroristes qui prennent de l’ampleur ces temps-ci. Les armes de la solidarité internationale pour l’éradiquer manquent visiblement de promoteur et de défenseur. Et nous avons tous, grands comme petits, tendance à dire, tant pis !

Gankama N'Siah

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