Foot-ball: Dylan Saint-Louis, vrai « titi parisien » et futur « mwana mboka »

Lundi 2 Octobre 2017 - 8:08

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Quinze ans après son unique séjour au Congo, Dylan Saint-Louis, l’attaquant de 22 ans débarquera lundi soir à Brazzaville avec les Diables rouges. Buteur et passeur décisif, le « titi parisien » s’est ouvert aux Dépêches de Brazzaville. Avec sourire et simplicité.

Les Dépêches de Brazzaville(DLB) : Dylan, la victoire du Paris FC face à Nîmes, un but et une passe décisive pour toi. C’est une belle soirée…

Dylan Saint-Louis(DSL) : Oui, une belle soirée pour l’équipe. Ce soir, nous sommes deuxièmes du championnat (ndlr : 4e, à égalité de points avec Ajaccio et Brest, respectivement 2e et 3e). A titre personnel, au-delà de mon but et de ma passe pour Malik (ndlr : Tchokounté), ça n’a pas été facile en deuxième mi-temps avec des conditions climatiques compliquées. On avait fait le boulot en première mi-temps et on a su tenir en fin de match quand Nîmes a poussé fort pour égaliser.

LDB : Effectivement, en deuxième période, tu t’es retrouvé plus esseulé en pointe, avec peu de ballons qui te parvenaient en raison du terrain détrempé. Mais tu t’es battu et vous prenez les 3 points. Ton président vient de parler de maintien, mais on sent ce groupe déterminé et ambitieux.

DSL : On joue tous les matchs pour les gagner, sans oublier d’où on vient (ndlr : le Paris FC a été repêché en Ligue 2, pour remplacer Bastia, trois jours avant la 1re journée du championnat). C’est peut-être ce qui fait notre force. On sait se remettre en question et travailler durant la semaine pour corriger nos points faibles. L’équipe a beaucoup de qualités et on essaie de le démontrer sur le terrain.

LDB : Pour toi, deuxième titularisation et deuxième but consécutifs, agrémenté de cette passe décisive : ta saison est lancée ?

DSL : Oui, il y a une bonne dynamique qui s’installe. A chaque match, il faut être performant. Pour un joueur offensif, ça passe par l’animation qu’on apporte, mais aussi et surtout par les buts et les passes décisives. Aujourd’hui, j’ai fait les deux et l’équipe gagne. C’est le scénario idéal.

LDB : Tu es arrivé au Paris FC le 23 août en provenance de Saint-Etienne où tu te préparais principalement avec la réserve (buteur en amical, il a ensuite été appelé dans le groupe pro, sans suite). Où en es-tu physiquement ?

DSL : Je suis bien, et ce soir, j’ai prouvé que j’avais les jambes pour faire un match entier, malgré les conditions climatiques. Après, je sais que ce ne sont pas les mêmes conditions en Afrique, et ça va être une grande découverte pour moi à partir de lundi. Mais, je suis totalement prêt phyiquement et à la disposition du sélectionneur national.

LDB : A Brazzaville, justement, tu es très attendu par les supporteurs congolais. Certains t’ont déjà vu jouer sous les couleurs de Saint-Etienne, Evian, Laval ou le Paris FC. D’autres non. Peux-tu leur décrire ton profil ?

DSL : J’ai été formé dans l’axe, mais depuis que je joue chez les pros (ndlr : 1 but et 1 match de Ligue 1, 9 buts et 3 passes décisives en 38 matchs de Ligue 2, 5 matchs de Coupes nationales et 1 match de qualification à la Ligue Europa), j’ai davantage évolué sur les côtés. Donc, je sais de faire les deux et je suis toujours prêt à jouer où mon entraîneur a besoin de moi. Je ne sais pas comment le sélectionneur voudra m’utiliser, mais je suis à sa disposition. Globalement, je dirais que je suis un joueur de percussion, capable de marquer des buts.

LDB : Ce soir (ndlr : vendredi soir) on t’a vu t’approcher du ballon sur plusieurs coup-francs en première mi-temps, avant d’en tirer un, plutôt bien, en début de deuxième. C’est un exercice que tu apprécies ?

DSL : Le coach a remarqué que je les tirais plutôt bien. L’habituel tireur était absent ce soir. Les premiers coup-francs étaient sur le côté fermé, mais de l’autre côté et de près, c’était à moi de les tirer. C’est un de mes points forts.

LDB : Dylan, tu as un père haïtien et une mère congolaise. Aujourd’hui, tu choisis les Diables rouges. As-tu eu des approches des Grenadiers, la sélection d’Haïti ?

DSL : Oui, il y a quelques années, mais à l’époque, je ne voulais fermer aucune porte, y compris celle de l’équipe de France. Ensuite, je me suis blessé, ma progression a été freinée et je me suis fait une raison. Mais quand Haïti est revenu à la charge, mais j’étais réticent, je n’ai pas eu le désir de les rejoindre. Je me suis concentré sur mon parcours en club afin d’avoir la chance d’évoluer au niveau international.

LDB : Qu’est ce qui a fait pencher la balance en faveur du Congo ?

DSL : Dans ma tête, mon choix allait vers le Congo. J’attendais le bon moment. Quand j’ai été « identifié » par le staff des Diables rouges (ndlr : en discutant avec Chris Malonga, Fortuné Tabouna, de la cellule diaspora, a appris la filiation congolaise de Saint-Louis), le sélectionneur est entré en contact avec moi et j’ai tout de suite accepté. Je n’ai pas pu venir dès la première invitation, car je voulais d’abord régler ma situation en club. Je savais que ce n’était que partie remise. Et l’heure est arrivée, puisque je serai lundi soir à Brazzaville.

LDB : A la maison, y avait-il une « lutte d’influences » entre tes parents ?

DSL : Non, tout le monde connaissait mon choix et l’a respecté. Sentimentalement, les deux pays comptent pour moi, forcément. Mais sportivement, il n’y avait pas match, c’était le Congo.

LDB : Tu connais Yven Moyo et Chris Malonga, avec lesquels tu jouais à Laval l’an passé. Connais-tu d’autres Diables rouges ?

DSL : Personnellement non. Mais bien entendu, j’ai entendu parler de certains, comme Thievy Bifouma. J’ai vu les listes récentes, avec un certain nombre de jeunes joueurs, qui évoluent dans des clubs de bon niveau. C’est intéressant d’arriver à ce moment, avec une dynamique positive.

LDB : Aller jouer contre l’Egypte de Mohamed Salah, c’est excitant, malgré l’absence d’enjeu pour le Congo dans l’optique de ce Mondial ?

DSL : Pour une première sélection, c’est une belle expérience et une belle affiche. Et j’espère qu’on va faire un bon résultat pour bien préparer les prochaines journées des éliminatoires de la CAN 2019. Je sais que c’est l’objectif de l’équipe. Et je vais essayer d’apporter ma pierre à l’édifice.

LDB : Tu es né à Gonesse (dans le Val-d’Oise, en région parisienne), tu as marqué ton seul but en Ligue 1 contre le PSG et tu joues désormais au Paris FC… Tu es donc un vrai « Titi parisien » (expression populaire désignant un « enfant de Paris ») ?

DSL : Oui, c’est un plaisir de jouer en région parisienne. Ma famille peut venir me voir à chaque match, j’ai envie de briller devant eux. Donc, c’est une source de motivation supplémentaire, seulment je sais qu’ils seront aussi là pour m’aider à me remettre en question quand ça sera nécessaire.

LDB : Six but en 28 matchs la saison dernière avec Laval, qui développait un football poussif, déjà 2 avec le Paris FC cette saison. Quels objectifs t’es-tu fixé pour cette saison ?

DSL : Je ne veux pas vraiment dévoiler ça. Le club et moi, on connaît les raisons de ma venue. Nous avons des objectifs communs, j’ai les miens et on en reparlera en fin de saison (sourire).

LDB : (Didier Ovono passe en zone mixte durant l’interview) Tu vas faire tes débuts en sélection cette semaine, Didier Ovono est international gabonais depuis 2003. T’a-t-il parlé un peu du football africain ?

DSL : On en parle beaucoup avec Didier, qui se comporte avec moi comme un grand-frère. On fait du spécifique devant le but ensemble. Il me donne beaucoup de conseils. Sur le football africain, moins. Peut-être parce qu’on sera bientôt adversaires (rires).

 

 

Pierre Ferracci, président du Paris FC : « Je suis très heureux pour Dylan qui livre un beau match ce soir, avec un but et une passe décisive. Il compte deux buts en deux matchs et participe au bon début de saison du Paris FC. Il mérite totalement d’être appelé en sélection du Congo, où je lui souhaite toute la réussite possible ».

Propos recueillis par Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Dylan Saint-Louis, ici contre Nîmes, sera à Brazzaville lundi soir avec les Diables rouges (@Parisfootballclub.com) Dylan Saint-Louis célèbre l'ouverture du score contre Nîmes avec ses coéquipiers (CD/ADIAC)

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