Focus : retour sur le Prix des cinq continents de la Francophonie

Samedi 4 Novembre 2017 - 16:01

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La 69ème édition de la plus grande foire professionnelle du livre dans le monde s’est tenue à Francfort en Allemagne du 11 au 15 octobre 2017 où le Prix des cinq continents de la francophonie a fêté sa seizième édition. Retour sur les temps forts de ce prix depuis sa création jusqu’à sa dernière distinction.

 

La cérémonie d’ouverture de cette foire a eu lieu, le 10 octobre en présence de la chancelière allemande, Angela Merkel et du président français, Emmanuel Macron, dont le pays était à l’honneur.

Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie depuis janvier 2015, a dans son allocution déclaré : « En 2017, la plus grande foire professionnelle du livre du monde fête la langue française, ce trait d’union entre les 84 États et gouvernements rassemblés au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ce levier de toute son action, ce vecteur privilégié de l’expression de tous les métissages, les traits de civilisation, les cultures, les expériences et les imaginaires croisés de l’espace francophone. »

L’OIF est une institution fondée sur le partage d’une langue, le français, et de valeurs communes. Elle rassemble à ce jour 84 États et gouvernements dont 58 membres et 26 observateurs. Déjà en 2014, le rapport sur la langue française dans le monde établissait à 274 millions le nombre de locuteurs de français. Présente sur les cinq continents, l’OIF mène des actions politiques et de coopération dans différents domaines prioritaires.

C’est quoi le Prix des cinq continents ?

Créé en 2001 à Beyrouth, le Prix du roman des terres francophones fut le premier titre pressenti pour le Prix des cinq continents. Attribué chaque année depuis 2003, ce prix s’ouvre à toute œuvre de fiction narrative originale écrite en langue française. Il est destiné à mettre en lumière des talents littéraires reflétant l’expression de la diversité culturelle et éditoriale sur les cinq continents. Doté de 10.000 euros, il prévoit la promotion du lauréat et de son œuvre sur la scène littéraire internationale. Le lauréat devient également membre du jury pendant l’année suivant sa désignation. Il bénéficie d’un accompagnement promotionnel pendant toute une année, l’OIF assurant sa participation à des rencontres littéraires, foires et salons internationaux identifiés de commun accord avec lui.

Les éditeurs sont seuls habilités à présenter des candidatures limitées à trois titres édités au cours d’une période d’un an. L’éditeur s’engage à faciliter, autant que faire se peut, une coédition de l’ouvrage primé avec d’autres éditeurs ou à étudier favorablement la cession de droits pour permettre une édition à coût réduit dans les pays du sud de l’espace francophone.

La variété des écrivains francophones, la place qu’occupent leurs œuvres dans la littérature mondiale et les distinctions internationales obtenues par les membres du jury et les lauréats sont une belle illustration de la richesse et de la vivacité de la littérature en langue française.

Le Prix des cinq continents se veut à l’écoute de la créativité portée par une nouvelle génération d’écrivains, hommes et femmes, au ton neuf, moderne, libre, surprenant. Un prix jeune qui a su s’imposer en l’espace de seize années, grâce à l’engagement et à la fidélité de son prestigieux jury. Le prix s’est également imposé par le talent des écrivains et la qualité des ouvrages que les éditeurs francophones ont proposée depuis son lancement et qui ont été distingués.

Les jurys de ce prix

Etre juré du Prix des cinq continents de la Francophonie, c’est contribuer à la création du monument littéraire de la langue française, année après année, en offrant aux lauréats, bien sûr, mais aussi aux auteurs en compétition de faire connaître leur part à la construction commune. C’est dans ce contexte que le jury du Prix des cinq continents 2017 présidé par Mme Paula Jacques (Égypte/ France), a attribué officiellement, le 11 octobre, au Pavillon d’honneur de la Foire du livre de Francfort « Francfort en français », ce prix à Yamen Manai pour son ouvrage L’Amas ardent paru aux éditions Elyzad.

 Bien auparavant, dix  romans finalistes ont été en compétition en provenance de Tunisie, France, Liban et du Canada. La sélection dans une première étape des 122 ouvrages a été effectuée par cinq  comités de lecture dont l’Association du Prix du jeune écrivain francophone de Muret (France), l’Association des écrivains du Sénégal (Dakar), le Collectif d’écrivains de Lanaudière (CEL) du Canada-Québec, l’Association Passa Porta (Bruxelles, Belgique) et l’Association Culture Elongo de Brazzaville (Congo).

En effet, la mobilisation et le travail assidu des membres des cinq comités de lecture chargés de sélectionner les dix ouvrages finalistes permettent au prix de ce faire l’écho des goûts d’un public diversifié à l’image de l’espace francophone. Si le Prix des cinq continents de la francophonie continue de jouer son rôle de révélateur et de promoteur des talents littéraires francophones, c’est aussi grâce aux lecteurs, éditeurs, libraires, critiques, mieux culturels et littéraires, francophones et francophiles dans le monde dont la ferveur et la curiosité sont l’aiguillon.

L’Amas ardent de Yamen Manai, Prix des cinq continents 2017

Paru aux éditions Elyzad, 2017, dans L’Amas ardent Yamen Manai parle des abords de Nawa, village de l’arrière-pays, le Don, agriculteur, mène une vie d’ascète auprès de ses abeilles à l’écart de l’actualité. Pourtant, lorsqu’il découvre les corps mutilés de ses « filles », il doit se rendre à l’évidence : la marche du monde l’a rattrapé, le mettant face à un redoutable adversaire. Pour sauver ce qu’il a de plus cher, il lui faudra conduire son enquête dans une contrée quelque peu chamboulée par sa toute récente révolution, et aller chercher la lueur au loin, jusqu’au pays du Soleil-Levant.

En véritable conteur, Yamen Manai dresse avec vivacité et humour le portrait aigre-doux d’une Tunisie vibrionnante, où les fanatiques de Dieu ne sont pas à l’abri de Sa foudre. Une fable moderne des plus savoureuses.

Qui est Yamen Manai, lauréat 2017 ?

Né en 1980 à Tunis (Tunisie), Yamen Manai vit à Paris (France). Il est ingénieur et travaille sur les nouvelles technologies de l’information. L’Amas ardent est son troisième roman. Le premier roman qu’il a publié aux éditions Elyzad en 2010 s’intitule La Marche de l’incertitude. Il a reçu le Prix Comar d’Or en Tunisie et le Prix des lycéens Coup de Cœur de Coup de Soleil en France. La Sérénade d’Ibrahim Santos paru en 2011 aux éditions Elyzad, a été finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie. Il a obtenu le prix Biblioblog, le prix de la Bastide du Salon du livre de Villeneuve-sur-Lot et le prix Alain-Fournier. Il a été traduit en Allemagne (Austernbank verlag). Notons que Yamen Manai, qui succède à sa compatriote Faouzia Zouari (tunisienne lauréate 2016) pour son roman Le corps de ma mère, a été honoré par le ministre tunisien des Affaires culturelles, Mohamed Zine el Abidine.

Les lauréats du Prix des cinq continents depuis 2002

Yamen Manai lauréat 2017 pour L’Amas ardent (éditions Elyzad) ; Fawzia Zouari (Tunisie) lauréate 2016 pour Le Corps de ma mère (Ed. Joëlle Losfeld) ; In Koli Jean Bofane (R.D. Congo) lauréat 2015 pour Congo Inc. Le testament de Bismarck (Actes sud) ; Kamel Daoud (Algérie) lauréat 2014 pour Meursault contre-enquête (Barzakh) ; Amal Sewtohul (Maurice) lauréat 2013 pour Made in Mauritius (Gallimard) ; Geneviève Damas (Fédération Wallonie-Bruxelles) lauréate 2012 pour Si tu passes la rivière (Luce Wilquin) ; Jaucelyne Saucier (Canada-Québec) lauréate 2011 pour Il pleuvait des oiseaux (XYZ) ; Liliana Lazar (Roumanie) lauréate 2010 pour Terre des affranchis (Gaïa) ; Kossi Efoui (Togo) lauréat 2009 pour Solo d’un revenant (Seuil) ; Hubert Haddad (France/ Tunisie) lauréat 2008 pour Palestine (Zulma) ; Wilfried N’Sondé (France-Congo) lauréat 2007 pour Le cœur des enfants léopards (Actes sud) ; Ananda Devi (Maurice) lauréate 2006 pour Ève de ses décombres (Gallimard) ; Alain Mabanckou (Congo) lauréat 2005 pour Verre cassé (Seuil) ; Mathias Enard (France) lauréat 2004 pour La perfection du tir (Actes sud) ; Marc Durin-Valois (France) lauréat 2003 pour Chamelle (JC Lattès) ; Yasmine Khlat (Liban) lauréate 2002 pour Le désespoir est un péché (Seuil).

Les mentions spéciales

Miguel Bonnefoy (France/ Venezuela), mention spéciale 2015 pour Le voyage d’Octavio (Rivages) ; Claude Pujade-Renault (France), mention spéciale 2013 pour Dans l’ombre de la lumière (Actes sud) ; Naomi Fontaine (Canada-Québec), mention spéciale 2012 pour Kuessipan (Mémoire d’encrier) ; Patrice Nganang (Cameroun), mention spéciale 2011 pour Mont plaisant (Philippe Rey) ; Seyhmus Dagtekin (Turquie), mention spéciale 2004 pour A la source, la nuit (Robert Lafont) ; Ahmed Abodehmane (Arabie saoudite), mention spéciale 2001 pour La Ceinture (Gallimard).

 

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le logo du Prix des cinq continents Photo 2 : L'ouvrage de Yamen Manai, lauréat du Prix des cinq continents - Copie.jpg

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