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Ce qu’il faut retenir du Sommet de Paris

Lundi 18 Décembre 2017 - 11:32

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N’étant pas dans le secret des dieux, nous ne saurions affirmer que la semaine dernière a marqué un tournant décisif, d’une part, dans la lutte contre le dérèglement climatique, d’autre part, dans la relation entre les pays riches de l’hémisphère Nord et les pays émergents de l’hémisphère Sud. Mais de nombreux indices donnent à penser que quelque chose bouge enfin sérieusement dans ces deux domaines et que, de ce fait, le « One Planet Summit » de Paris pourrait bien s’inscrire dans l’Histoire comme l’un des évènements majeurs du début de ce troisième millénaire.

Expliquons-nous en quelques mots sur les deux points.

  1. Concernant la lutte contre le dérèglement climatique les propos pour le moins vigoureux tenus par des personnalités de premier plan comme le président français, Emmanuel Macron, le numéro un de la Banque mondiale, Jim Yong Kin, ou l'ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, ont montré que face au déni incarné par le président des Etats Unis, Donald Trump, un véritable front se constitue à l’échelle de la planète pour protéger la nature. Et comme le « One Planet Summit » a été précédé, toujours à Paris, par une journée consacrée au financement de la lutte contre le dérèglement climatique durant laquelle de grandes entreprises mondiales ont affirmé leur volonté d’agir concrètement sur le terrain, il semble que l’on passe enfin des idées à l’action, de la théorie à la réalité, de l’abstraction à la pratique. Ceci est d’autant plus vrai que dans les coulisses des deux manifestations se sont engagés des débats très précis sur l’une ou l’autre des actions – le Fonds vert des Nations unies, le Fonds bleu pour le Bassin du Congo notamment – qui permettraient de lutter contre la déforestation, de développer des techniques agricoles respectueuses de l’environnement, de protéger les fleuves et les cours d’eau contre la pollution provoquée  par l’urbanisation. Avec cette idée aussi simple que prometteuse selon laquelle la protection de la nature pourrait au final générer de grands profits.

 2. Concernant les relations entre les pays riches et les pays émergents, le débat public qui a occupé l’après-midi du 12 décembre dans le grand amphithéâtre de La Seine Musicale a marqué la prise de conscience, par les premiers, du fait que seule l’implication véritable des seconds mettra l’humanité à l’abri du désastre qui la menace aujourd’hui. Mais au-delà des propos pour le moins musclés qu’ont tenus les ténors durant ces quelques heures, les conversations publiques ou privées qui ont suivi tout au long de la semaine en différents lieux de la capitale française ont montré que le développement durable en Afrique, en Amérique latine, en Asie doit devenir un objectif majeur pour les grandes nations industrielles qui, jusqu’à présent, ne se préoccupaient que de leur propre confort. Si l’on ne saurait conclure de ces entretiens que la page de l’individualisme, du nationalisme étriqué est définitivement tournée, on peut malgré tout considérer que quelque chose bouge enfin dans les relations entre les pays riches et les pays émergents. Quelque chose que les drames en série vécus ces derniers mois par l’Europe, l’Afrique du Nord, le Proche et le Moyen-Orient avec l’afflux des migrants, la révélation de l’esclavage, la montée de l’extrémisme religieux empêchent désormais d’ignorer ou même de sous-estimer.

La suite des évènements permettra de juger l’ampleur du mouvement qui se dessine à l’échelle mondiale. Mais il est clair que de ce  mouvement sortira à plus ou moins brève échéance la mobilisation qui, seule permettra à notre espèce de combattre ses propres excès et donc d’assurer sa survie pour les siècles à venir.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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