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Réinsertion

Samedi 20 Janvier 2018 - 18:52

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L’une des principales clauses de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités signé, le 23 décembre 2017, par le gouvernement et les hommes de Ntoumi, concerne l’enclenchement le moment venu du programme de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) des ex-combattants. Combien y aurait-il de gars à démobiliser et désarmer ? Et combien devrait-on réinsérer dans la vie de tous les jours ? Celle que les citoyens ordinaires, bardés de titres de gloire ou non, mènent tiraillés entre succès et échecs, entre déception et soulagement ? On le saura globalement, lorsque la commission ad hoc, qui tenait sa première réunion, le 17 janvier, à Brazzaville, communiquera les conclusions de ses travaux.

Il y a cependant dans ce programme DDR une dimension qui pourrait ne pas s’adresser qu’aux miliciens rebellés contre la République les armes à la main. Et pour cause. La rébellion du pasteur Ntoumi a eu ses éminences grises frappant aux portes des enceintes feutrées des chancelleries internationales. Certaines d’entre-elles s’y étaient jetées corps et âme, pourrait-on dire, qu’elles ont parfois manqué à leur devoir du suivi de l’évolution de la situation sur le terrain. Or sur ce point précis, les plus radicaux ont déchanté.

Quand, en effet, l’annonce officielle avait été faite de ce qu’un accord était intervenu entre les parties dans la crise qui secouait le département du Pool depuis près de deux ans, la « rébellion » extérieure, active sur les réseaux sociaux, en était mécontente. Au fait, mécontente est peut-être une méprise de notre part. Il faut certainement dire qu’elle n’en savait pas grand-chose, elle a été surprise et est demeurée perplexe. Les premiers communiqués qu’elle a divulgués sentaient le souffre de la tourmente. Enfin, presque.   

En termes de preuve de ce que les hommes mandatés par le pasteur Ntoumi ont bel et bien signé l’accord du 23 décembre 2017, on pourrait bonnement se référer à quelques signes qui ne trompent pas. Prenons la photo de famille fixant pour la postérité la première réunion des membres de la commission ad hoc autour du ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou. Du côté du gouvernement, on y trouve certaines personnalités engagées très tôt dans les négociations avec Ntoumi quand furent signés les accords croisés de 2003. Il y a bien pourtant aussi du côté rebelle, des hommes qui sont de son bord depuis un long moment.

A supposer que les déclarations entendues des rebelles et du gouvernement appelant à ranger à jamais les armes et à cultiver la paix se traduisent par l’application intégrale de la feuille de route dessinée par le texte du 23 décembre. Que les problèmes pendants posés en cours d’exécution de l’accord trouvent leur juste solution, on voit bien que, dans ce cadre, la réinsertion recèle une dimension bien plus large que le strict cadre des rebelles armés de kalachnikovs et de fusils de chasse sortis de la brousse. Elle devra aussi toucher les idéologues de la rébellion postés à l’extérieur. Le temps pour eux de devoir recycler leur discours habituellement un peu trop fumant, et donc de se réinsérer dans le cours de la paix. Même à leur corps défendant.

Gankama N'Siah

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