Open mic : le tremplin des stars de Gambie célèbre ses dix ans à Banjul

Vendredi 2 Février 2018 - 20:32

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Depuis sa création, le plus grand évènement de la musique urbaine gambienne rassemble jusqu’à quinze mille jeunes dans le stade de Bakau.

Lors d’un concert qui dure de la nuit au petit matin, on assiste à une véritable effervescence musicale avec, pour seul principe, le micro ouvert à tous. En effet, durant la première partie, le micro appartient aux courageux qui souhaitent se produire devant la foule sans avoir peur d'être moqués, sifflés puis chassés de la scène...

Dans la deuxième partie, ce sont toutes les idoles de la jeunesse gambienne, surtout les rappeurs, qui présentent, tour à tour, en 15 mn, leurs derniers tubes.
C’est en 2007 qu’Abdou Karim Faye, connu sous le nom de « Waagan », lance avec son compagnon Francis Abdul Malik Mendy, alias « Xmyls », les Open mics dans les quartiers des villes gambiennes. Au départ, le dernier vendredi de la semaine avait lieu un Open mic local ouvert à tous. Dès la fin 2008, les organisateurs ont choisi de l’ouvrir à l’ensemble du pays.

Le jeune rappeur Gee participe à Open mic depuis la première édition. Il se montre très ému de participer à cette dixième. « Open mic 2017 est très spécial et très émouvant pour moi. Je suis là depuis le premier jour quand à peine cinquante personnes assistaient à l'événement.... Comparer cela à la foule de plusieurs milliers de la nuit dernière, c'est la récompense de dix années de travail de tout le monde. Car tous les artistes gambiens ont pratiquement tous été lancés par Open mic. », a-t-il témoigné.

Killa Ace est rappeur militant. Considéré comme un « raptivist », il a dû quitter la Gambie pendant deux ans à cause de sa chanson engagée contre l’ancien régime. De retour en  2017, il  a retrouvé ses fans après deux éditions manquées. « J'ai essayé de donner le meilleur de ma créativité car retrouver mes fans qui m'ont tellement manqué depuis deux ans était quelque chose de très fort ! Open mic, c'est la plus grande tribune pour s'exprimer tant en tant qu'activiste qu'en tant qu’artiste… », s'est-il réjoui.

La jeunesse de Gambie connaît par cœur les paroles des chansons du rappeur ST qui rappe en langue mandingue comme la majorité des Gambiens bien que la langue wolof soit la plus parlée dans le pays au quotidien.

Sa chanson « Da Gambian Dream - Mandinka Warrior », c'est-à-dire « Le Rêve gambien, guerrier Mandingue », est  le plus grand tube  2017. « J'ai grandi dans une famille pauvre, j’étais vraiment un gamin très pauvre, alors mon public peut vraiment s'identifier à moi. Dans mes chansons, je parle des problèmes de la société, que tout le monde connaît. Je ne parle pas pour moi seul, je parle pour tous ! Et on rêve tous d'une Gambie forte comme le guerrier mandingue qui a résisté à la colonisation des Anglais ! », a-t-il argumenté.

Le slogan de la 10e édition d'Open mic « Une nation, une Gambie, un destin » se reflète dans les chansons « Mama Gambia » du Reggaeman Royal Messenjah (« Messager Rasta Royal ») qui  appelle à l’unité dans une nation gambienne de tous les groupes ethniques. « Cette chanson, dit-il, parle du vivre ensemble en tant que Gambiens et en tant qu'Africains aussi. Il n'y a pas de place pour le tribalisme. Nous sommes tous Africains et humains. J’estime que des précisions du genre je suis Mandingue, Diola, Peul ou Wolof n'ont aucun sens. Le plus important est de développer notre pays et notre continent ». Les Open mics « de quartier » 2018 vont bientôt reprendre. Comme aux premiers jours de 2007, le dernier vendredi de chaque mois....

 

 

 

 

 

 

Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Le jeune rappeur Gee -Royal Messenjah -Killa Ace

Notification: 

Non