Opinion

  • Réflexion

RDC : l’année de tous les dangers

Samedi 10 Février 2018 - 17:52

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Plus les jours passent plus la crise qui dévaste l'ex-Zaïre s'avère ingérable au sens propre du terme. Générée par le report de l'élection présidentielle qui dresse les uns contre les autres les tenants du pouvoir et ses opposants, elle prend de jour en jour une tournure plus dramatique car elle nourrit, aggrave, exacerbe les tensions religieuses et les conflits ethniques qui menacent depuis toujours la paix dans cette partie du continent.

Pour comprendre l'ampleur du problème que pose la lente descente aux enfers de la République démocratique du Congo (RDC) et, par conséquent, réfléchir sérieusement aux solutions qui permettraient de la stopper, il convient de décrypter - ou d'oser décrypter - les causes qui la provoquent et l'amplifient de jour en jour.

° La première de ces causes, trop évidente pour que l'on s'y attarde, est l'immensité du territoire concerné. Pour gérer ses 2,3 millions de kilomètres carrés( la moitié de la surface de l'Union européenne), la RDC n'a ni les voies de communication, ni les administrations décentralisées, ni le pouvoir central sur lesquels se trouve fondée l'unité des grandes nations modernes. Elle est plus une confédération d'Etats qu'une fédération unie autour d'un pouvoir fort, organisé, capable d'arbitrer les différends qui opposent ses différentes parties. Et, par conséquent, elle n'est pas capable de prévenir ou de gérer les conflits qui  menacent ses différents composants.

° La deuxième cause est l'abondance de ses richesses naturelles qui attisent les convoitises extérieures. Pays potentiellement le plus riche du continent africain en raison de ses immenses réserves de minerais et de matériaux rares, la RDC doit faire face, sans en avoir les moyens, aux multiples actions qui visent à exploiter de façon illégale ses ressources. Elle est, de ce fait, incapable de lutter contre les forces obscures qui asservissent sa population, pillent son territoire, dressent son peuple les uns contre les autres dans le seul but d'accroître leur propre richesse. Le tout au prix de sacrifices humains jamais observés.

° La troisième cause est le refus de la communauté internationale de regarder ces vérités en face afin de mettre hors d'état de nuire ces mêmes forces obscures. Alors qu'il lui aurait été facile de neutraliser les entreprises criminelles dont l'identité est connue de tous, l'Organisation des Nations unies a préféré déployer sur le territoire de la RDC près de vingt mille Casques bleus qui se sont révélés incapables de maintenir la paix là où elle était menacée et de prévenir les massacres là où ils étaient manifestement programmés. Une démonstration d'impuissance qui n'a pas de précédent dans l'Histoire et qui rappelle fâcheusement le processus infernal qui a conduit au génocide du Rwanda, il y a vingt ans.

Ce qui se passe en réalité dans l'ex-Congo belge n'est pas autre chose que la poursuite du système colonial qui avait mis ce vaste territoire et les peuples qui y vivent en coupe réglée pendant plus d’un siècle. Et l'on ne préviendra les nouveaux drames qui s'y préparent que si la communauté internationale, mais aussi les puissances morales qui en ont la capacité se décident enfin à regarder la vérité en face, puis à mettre hors d'état de nuire les entreprises et les institutions qui s'enrichissent grâce aux souffrances du pays.

Seule cette volonté ramènera la paix en RDC et préservera les neuf pays qui l’entourent de la catastrophe qui s’annonce.

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles