Agriculture : un complexe parasitaire attaque les semences dans plusieurs provinces de la RDC

Mercredi 7 Mars 2018 - 18:39

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À en croire la Clinique des plantes/CAVTK qui livre cette information, ce complexe parasitaire serait composé essentiellement des virus et des bactéries. Il s'attaque aux semences utilisées par les paysans du Kongo central, de l’ex-Katanga, de l’ex-Bandundu et même de Kinshasa, la capitale. La structure technique fonctionnant au cœur d’un secteur très stratégique pour le pays a initié une enquête sur la qualité de ces semences depuis les années 2015. Les investigations réalisées sur le terrain ont abouti à quelques résultats assez alarmants, selon le magazine spécialisé "La Voix du paysan congolais".

Le Centre agronomique et vétérinaire tropical de Kinshasa (CAVTK)  est une ASBL de droit congolais. Les experts réunis au sein de la structure viennent de percer un grand mystère sur la qualité des semences de haricot, de soja et d’arachide à Kinshasa et dans plusieurs provinces du pays, entre autres Kongo Central, Katanga et Bandundu. L’enquête initiée en 2015 aurait permis d’évaluer la qualité des semences utilisées par les paysans de ces contrées. Le trait caractéristique entre ces quatre provinces est la baisse continue du rendement. Au vu des premiers résultats disponibles, il se dégage clairement que les semences étudiées ont été infectées par un complexe parasitaire composé de virus et bactéries. Sa présence vient s’ajouter à d’autres failles dans l’application des normes phyto-techniques. Ce qui fait dire au CAVTK qu’une menace réelle pèse sur la production de ces cultures. Il faut craindre une faible productivité de ces cultures dans les différentes provinces victimes. Une nouvelle qui tombe très mal après l’alerte des forces vives du Kwango (une des provinces constituant jadis l’ex-Bandundu) sur le risque de pénurie alimentaire à cause des dégâts causés par le passage des 2 000 vaches controversées.

Pour prouver le sérieux de la recherche effectuée sur le terrain, le CAVTK explique avoir envoyé une grande équipe de techniciens pour collecter les semences utilisées. L’idée était de procéder à une analyse approfondie en laboratoire. Selon le premier feed back des experts, les paysans produisent eux-mêmes les semences et les utilisent pendant plusieurs années. La plupart de ces semences ne sont pas certifiées. Face à ce premier constat, les experts pensent que les plantes auraient pu être déjà malades. L’autre constat inquiétant est le recours à des techniques culturales plutôt rudimentaires qui ne tiennent pas compte de certaines normes, comme les écartements entre les plantes. Les paysans n’apportent pas non plus les soins nécessaires à ces plantes. Une telle faiblesse ouvre grandement la porte aux différentes maladies qui viennent décimer les cultures entières.

Une étude plus approfondie sur les qualités physiologique, sanitaire et physique des semences a apporté bien des révélations. Le premier constat cinglant est le non-respect de la pureté variétale des semences, si l’on en juge par les mélanges pour produire plusieurs sous-variétés des semences. Ensuite, cette fois sur le plan physiologique, le taux d’humidité n’est pas maîtrisé. Enfin, sur le plan sanitaire, les experts ont constaté la présence d’un certain nombre de virus qui réduit considérablement le rendement de la culture. Il faut préciser également la présence des champignons.

Globalement, l’enquête a réussi à identifier trois groupes de maladies dans les semences analysées, constituant ainsi le fameux complexe parasitaire de virus et de bactéries. Rien n’empêche que les conclusions de cette enquête soient extrapolées sur tout le territoire national dans la mesure où l’on rencontre plus ou moins les mêmes problèmes au niveau de l’accès aux semences. La principale recommandation du CAVTK est d’arriver à développer les filières semencières de bonne qualité et de mieux encadrer les paysans dans les méthodes plus modernes. Il y va de la sécurité alimentaire de la population.

Laurent Essolomwa

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