Environnement : les experts expliquent le bien-fondé de la réunion sur les tourbières

Mercredi 14 Mars 2018 - 19:46

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A quelques jours de la troisième rencontre des partenaires de l’Initiative globale sur les tourbières (IGT), qui aura lieu à Brazzaville du 21 au 23 mars, sur le thème « Valoriser les tourbières pour la population et la planète », les spécialites en la matière ont animé une tribune sur l'importance de ces assises.

Le Pr Timélon Andi Barry, maître de conférence à l’université Marien-Ngouabi et expert en Climat environnement et gestion des déchets, et Basile Pati, ingénieur des eaux et forêts, expert en évaluation des tourbes, représentant la présidente du comité d’organisation, la minstre Arlette Soudan-Nonault, ont édifié le public sur des points précis tels: ce que le Congo peut gagner en organisant cette réunion ; dans quelle mesure les tourbières peuvent constituer un atout dans le cadre de l’action climatique ; comment faire pour sensibiliser les peuples autochtones à la protection des tourbières, etc.

Organisée par la République du Congo en partenariat avec l’ONU environnement et la RDC, cette réunion des partenaires de l’IGT est la troisième du genre après celle qui a eu lieu à Djakarta, en Indonésie, au cours de laquelle le Congo a été désigné pour abriter la prochaine rencontre. Elle va évaluer tout ce que l’humanité peut faire au sujet des tourbières qui aujourd’hui se présentent comme une grande réserve, un réservoir de carbone. La question des tourbières est essentielle pour la protection de l’environnement.

C’est quoi les tourbes? 

Les tourbes sont des substances composées de résidus végétaux qui se forment lorsque la matière végétale va dans le sol sans se décomposer essentiellement. C’est un réservoir dans lequel on trouve un mélange d’eau, de sol et de matières organiques (tout ce qui est matière végétale), mais en présence d’un milieu pauvre en oxygène. Ce qui fait que cette biomasse se dégrade. Cette absence d’oxygène fait que le carbone emmagasiné n'échappe pas très vite, parce qu’il ne s’oxyde pas pour passer à l’étape de gaz carbonique dans cette zone qui est qualifiée de tourbe.

La tourbière dont on parle ici est celle du Bassin du Congo qui devient un cas particulier, parce qu’elle constitue, à ce jour, l’une des plus grandes réserves de carbone. A ce titre, le Congo organise cette conférence internationale pour valoriser ces tourbes dont les profits à tirer sont importants. 

A la question de savoir pourquoi ces zones qui emmagasinent d’énormes quantités de carbone soient reléguées au second plan, les experts pensent qu’au départ les gens ne savaient pas qu’au niveau des tourbières, il y avait plus de gaz carboniques que dans la biomasse forestière.  C’est le gaz carbonique plus l’eau qui font pousser l’arbre, ce qu’on appelle en termes techniques la photosynthèse.

« Puisque nous avons une grande forêt, nous avons plus de gaz carbonique que les autres. Nous avons le droit de revendiquer une contrepartie lorsqu'il s'agit des questions de changements climatiques. Les dernières études ont montré que les tourbières deviennent plus importantes que les arbres. Il faut l’expliquer à l’opinion nationale et internationale, et les protéger, parce qu’elles nous apportent plus que ce que nous faisons avant. Mais tout cela est complémentaire, parce que nous n’allons pas rejeter les plantes. », explique l’un des experts.

Sensibiliser les peuples autochtones à la protection des tourbières

Les experts pensent que c’est l’objectif de cette réunion, faire en sorte que ces tourbières ne soient pas détruites.  « Ce sont des projets que l’on peut faire à l’avenir, que l’on peut développer dans ces zones-là en connaissant les potentialités, à ce moment-là, on va résoudre les problèmes de la population qui peut être démunie de ses ressources premières avec les retombées des projets. », disent-ils.

En conclusion, les experts pensent que le monde entier doit changer ses procédures de développement. Le développement durable, c’est le développement économique et social, en rapport avec l’environnement. L’Afrique, poursuivent les experts, est la partie du monde qui pollue moins mais qui subit plus les effets du changement climatique. Quand le Bassin du Congo emmagasine tout ce que le monde peut polluer, il porte secours à l’humanité, mais en contrepartie, il devait y avoir un avantage.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo: Les tourbières du Bassin du Congo

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