Devoir de mémoire: un colloque international sur le royaume Kongo prévu à Brazzaville

Samedi 16 Juin 2018 - 18:15

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En prélude aux assises scientifiques qui auront lieu du 2 au 3 octobre, au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, une conférence de presse a été organisée le 15 juin dans les jardins de cette institution culturelle.

Le colloque scientifique portant sur le thème « Vie et existence dans le royaume Kongo » est co-organisé par le mémorial Pierre- Savorgnan-de-Brazza et les universitaires de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Marien-Ngouabi. Il permettra de faire le point sur l’état des études sur ce territoire qui s’étendait du Gabon méridional au plateau de Benguela en Angola, et de l’Océan atlantique jusque bien au-delà du Kwango, dans l’actuelle République démocratique du Congo (RDC).

Dans son mot introductif, la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, Bélinda Ayessa, initiatrice de ce colloque, a indiqué que la conviction de son institution est en totale convergence avec les enjeux de ce colloque tels que définis par l’argumentaire conçu à cet effet.

« Ici, nous travaillons à faire mieux connaître l’histoire de notre pays, la rendre accessible par le biais de la culture et tout l’héritage traditionnel qu’il faut encore découvrir. Ce n’est donc pas un hasard si l’Université Marien-Ngouabi, notre alma mater, a pu trouver un écho très favorable dans le projet de co-organisation de ce colloque avec le mémorial. Le royaume Kongo est devenu un objet épistémologique étudié par les historiens, des anthropologues, des ethnologues, des théoriciens de la science politique… », a déclaré Bélinda Ayessa.

Répondant à la question sur l’initiative d’organiser ce colloque, elle a précisé que le royaume Téké n’est qu’une déclinaison, en réalité, du Kongo, ainsi que le royaume Loango. Il y a eu un premier royaume qui s’appelait le Kwango qui s’étendait jusqu’en Angola, Gabon, RDC, a-t-elle rappelé, justifiant le fait qu’il était important pour les scientifiques de s’arrêter un moment et de regarder dans le retroviseur.

Parlant des enjeux de ce colloque, le Pr Dominique Ngoie Ngalla a insisté largement sur le destin de l’Afrique, sa posture actuelle dans toutes les dimensions, à savoir politique, économique, intellectuelle et spirituelle.

Identifier les problèmes de l’Afrique d’aujourd’hui

Ce colloque a-t-il dit, a été convoqué pour essayer d’identifier ce qui empêche à l’Afrique d’aujourd’hui d'aller de l'avant; de s’y appuyer pour frapper aux portes futures. Il a donné sa vision sur l’Afrique, suggérant des voies pour sortir des difficultés présentes.

 « La convocation de ce colloque destiné à prendre connaissance des grandes valeurs de culture de nos sociétés, maintenant enfouies dans les profondeurs de nos consciences assoupies, est une initiative de madame la directrice générale du mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, Bélinda Ayessa. Je lui suis éternellement reconnaissant. Elle est partie d’une prise de conscience de la gravité du danger qui guette les peuples sans mémoire. Parce que le passé est le point d’ancrage de l’action présente et future de l’homme… », a-t-il indiqué, remerciant la directrice du mémorial.

Il a poursuivi que l’Afrique d’aujourd’hui devrait cesser de se mentir à elle-même, si elle veut faire fortune. « Nous ne sommes pas des démunis, des plus pauvres de la terre, bien au contraire, il semblerait que nous sommes des enfants gâtés de la création divine. Dieu nous a donné le talent. Donc l’Afrique n’est pas pauvre, il n’y a que des gens qui continuent à s’amuser comme des grands enfants. On ne s’amuse pas avec le destin, car il est bien cruel », a-t-il conseillé.

Hier, l’Afrique était un continent plein d’espoir puis soudain tout a sombré. Les valeurs sont renversées dans leur contraire. Esclave de ses instincts sauvages, chacun ne pense plus qu’à soi. L’Afrique a perdu sa boussole…, a estimé le professeur. « Au défi du problème se trouve la solution. C’est à nous-mêmes que se trouvent les moyens de notre salut. Il  nous faut réveiller les valeurs dormantes de nos ancêtres qui sont en nous. Car nos ancêtres étaient des hommes extraordinaires…Il est grand temps que nous nous réapproprions leur génie. Si nous n’imitons pas nos ancêtres qui furent des grands hommes moralement et spirituellement, nous sommes des mauvais… Personne ne grandit lorsqu’il est aliéné à soi-même, à sa propre culture… L’estime de nous-mêmes est nécessaire pour entreprendre. Et pour entreprendre la première des choses à faire c’est de connaître », a-t-il insisté.

Le professeur a dit également que la paix régnait au Royaume Kongo, avant que le désordre ne s'installe avec l'arrivée des Occidentaux. Il a souligné qu’un peuple qui ignore son histoire se dégrade vite. Aussi a-t- il invité les Africains à prendre garde de tourner le dos à leur histoire au risque de régresser au rang de peuple primitif sauvage.

Signalons que ce colloque recevra des professeurs venus de Kinshasa (RDC) et d’Abidjan (Côte-d’Ivoire). Son organisation a été rendue possible grâce à une série des travaux scientifiques de haut niveau, dont le Pr Dominique Ngoie Ngalla a proposé le résumé succinct de quelques-uns.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Bélinda Ayessa entourée du Pr Ngoie Ngalla à sa droite et Jean Claude Bayakissa à sa gauche Photo 2 : Le public lors de la conférence de presse

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