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Que veut réellement Donald Trump ?

Dimanche 1 Juillet 2018 - 17:55

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Tout bien réfléchi, il y a, dans cette affaire deux approches différentes : l'apparence et la réalité. Deux approches qui méritent d'être explorées avec soin  car les conclusions sur lesquelles elles débouchent sont à l'opposé l'une de l'autre et, de ce fait, peuvent induire en erreur ceux qui observent Donald Trump avec l'espoir d'anticiper les évènements.

Commençons donc par l'apparence. Elle projette du président des Etats-Unis l'image d'un homme imprévisible dont les tweets aussi nombreux que ravageurs et contradictoires sur les réseaux sociaux, les décisions pour le moins imprévisibles, les changements constants et subits d'attitude sur les questions les plus sensibles plongent la communauté internationale dans une incertitude qui ne cesse de croître au fil des mois. A l'opposé de son prédécesseur, Barack Obama, qui apparaissait comme un homme raisonnable, pondéré, réfléchi, soucieux de projeter de son pays une image adulte et responsable, Donald Trump s'emploie à déjouer tous les pronostics. Il se comporte comme un homme d'affaires et non comme un homme d'Etat, jouant au poker menteur pour emporter la mise sur la scène mondiale. Ce qui a comme conséquence de déséquilibrer les partenaires les plus sûrs, les plus fidèles de la puissante Amérique comme l'Europe et de faire apparemment le jeu de ses adversaires les plus déterminés que sont la Chine et la Russie.

Ceci étant dit, venons-en à la réalité. Donald Trump est tout sauf un rêveur comme l'a démontré, d'une part, la constitution de son énorme fortune et, d'autre part, la façon dont il s'est fait élire contre toute attente au sommet de l'Etat américain. Il est donc probable sinon certain que l'homme est plus réfléchi, moins instinctif, plus terre-à-terre que ne le laissent penser ses actes quotidiens. On en a eu la preuve lorsqu'après avoir menacé d'effacer la Corée du Nord de la carte du monde, il a organisé à Singapour un sommet avec son homologue Kim Jong-un qui restera dans les annales de la diplomatie mondiale en raison de la mise en scène qui l'accompagnait. Ce que recherche manifestement le nouveau locataire de la Maison-Blanche n'est pas autre chose que le maintien des Etats-Unis au premier rang de la scène mondiale dans un contexte nouveau marqué par le rééquilibrage des rapports de force entre les grandes puissances de la planète. Exactement comme cela se fait à Wall Street pour impressionner la communauté financière, le geste, le discours, le mot comptent plus que l'acte.

Il convient d'ajouter à ce qui précède que Donald Trump est en réalité beaucoup moins libre, beaucoup moins maître de la stratégie américaine que ne le laissent penser ses décisions et ses foucades.  Elu pour quatre ans à la tête de la première puissance mondiale, il n'est en rien maître de ses mouvements contrairement aux apparences car derrière lui et l'équipe qu'il a constituée, se cache la plus structurée des machines étatiques. Et même s'il s'emploie à placer à la tête de certaines administrations des hommes ou des femmes fidèles, il doit négocier en permanence avec le département d'Etat, le Pentagone, le FBI, la CIA et autres administrations centrales qui ne sont pas prêts à se soumettre à sa volonté; sans parler des deux chambres du Congrès, le Sénat et la Chambre des représentants ni des gouverneurs des cinquante Etats que compte le pays et qui détiennent un véritable pouvoir face à l'Exécutif.

Quitte à être démentis par la suite de l'Histoire, il nous paraît évident que tôt ou tard, la réalité l'emportera sur l'apparence et que Donald Trump se verra contraint d'endosser le costume de président des Etats-Unis qu'il semble jusqu'à présent rejeter avec délectation.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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