Parcs des Virunga et de la Salonga : la société civile réitère son opposition à l’exploitation pétrolière

Mardi 10 Juillet 2018 - 17:15

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Les ONG ont renouvelé leur appel au gouvernement de la République pour mettre un terme au projet visant « la disparition programmée » des aires protégées emblématiques riches en biodiversité, en précipitation et en eau douce, alimentant les tourbières essentielles pour la régulation du climat mondial.

Une réunion a regroupé, le 10 juillet, à Kinshasa les ONG environnementales qui ont planché, entre autres, sur le projet de désaffectation d’une partie des parcs nationaux de la Salonga et des Virunga, réitérant leur opposition à ce projet. Elles ont, en effet, dit non à l’exploitation pétrolière dans ces deux parcs inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. « Nous nous faisons l’obligation de rappeler à l’opinion tant nationale qu’internationale notre position officielle déjà exprimée contre ledit projet du gouvernement de la RDC à travers notre déclaration du 8 mai 2018 », ont dit ces organisations, dans leur déclaration lue dans la salle Boka du Centre d’études pour l’action sociale, à Gombe.

La société civile a dit restée attachée au respect de l’intégrité physique de l’épicentre du deuxième massif forestier du monde, le parc de la Salonga, ainsi que le dernier refuge des gorilles des montagnes, le parc des Virunga, tous inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, et dont le statut ne peut être compatible avec les activités d’exploration et d’exploitation pétrolières.

Oui pour le pétrole mais en respectant les engagements

Dans sa déclaration, la société civile environnementale a clairement indiqué qu’elle n’a jamais été contre le pétrole. Mais elle exige une exploitation dans des conditions acceptables. « La société civile n’est pas contre le pétrole mais elle est contre l’exploitation dans ces espaces concédés par l’État congolais pour d’autres usages », a expliqué le président de l’ONG Océan, Réné Ngongo, appelant le gouvernement à voir au-delà des animaux qui sont dans ces aires protégées. Ces parcs, a-t-il dit, joue un rôle énorme.

Ces ONG demandent, de ce fait, au gouvernement de respecter les engagements nationaux et internationaux qui soutiennent la promotion d’un développement durable inclusif, dont la Déclaration de Kinshasa de janvier 2011, l’Accord de Paris de décembre 2015, la Convention sur le patrimoine mondial de l’Unesco, la Convention sur la diversité biologique. Elles rappellent, par ailleurs, l’existence d’autres potentiels blocs pétroliers à valeur économique rentable répartis à travers le pays et en dehors des aires protégées ainsi que d’énormes ressources gazières du lac Kivu inexploitées  par la RDC.

Des conséquences néfastes pour la population et le pays

Le refus de la société civile est motivé par les conséquences néfastes de l’exploitation pétrolière sur l’environnement, la population animale et humaine environnant les zones d’exploitation ainsi que sur l’écosystème tout entier. « L’argent accumulé dans le pétrole est souvent et toujours englouti dans le traitement des conséquences de l’exploitation de ce produit sur les communautés et leur environnement », a expliqué Joseph Bobia, coordonnateur du Réseau ressources naturelles.

Le gouvernement congolais a été averti sur les retombées négatives de sa décision sur sa candidature pour l’organisation de la vingt-septième Conférence des parties en 2021. « Sommes convaincus enfin que l’éligibilité de la RDC, candidate à l’organisation de la Cop 27 en 2021, dépendra des signaux forts tels que le retrait du projet de désaffectation des parcs nationaux de la Salonga et des Virunga qui offrent des perspectives de développement durable pour les générations présentes et futures », ont prévenu les ONG. La société civile environnementale prévient également le gouvernement que son entêtement à exploiter le pétrole dans ces aires protégées, qu’il avait lui-même concédées au patrimoine mondial de l’Unesco, va conduire à la mise du produit qui y sera extrait sur la liste noire. Ce qui empêcherait son achat et sa consommation.

Elle a, en effet, regretté ce qu’elle a qualifié d’obstination du gouvernement à poursuivre ce projet. Les ONG ont affirmé avoir appris que le gouvernement congolais, tel que mentionné dans le compte rendu de la onzième réunion ordinaire du Conseil des ministres du 8 juin, a mis en place deux commissions interministérielles en vue de préparer les dossiers de désaffectation du bloc 2 dans la Salonga et dont la superficie est encore tenue secrète et les blocs 4 et 5 du Graben Albertine portant sur une zone de 172 075 hectares (1 720,75Km²), soit 21,5% du parc des Virunga.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: La société civile rendant publique sa déclaration contre l'exploitation pétrolière dans les parcs /Photo Adiac Photo 2: Les professionnels des médias et des membres de la société civile, lors de l' activité/ Photo Adiac

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