Centrafrique : l'Union européenne prolonge sa mission militaire jusqu'en septembre 2020

Jeudi 9 Août 2018 - 13:46

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 L'EUTM-RCA, lancée le 19 septembre 2016 avec pour objectif de contribuer à la réforme du secteur de la sécurité dans le pays va se poursuivre encore pendant deux ans, a-t-on appris.

C'est dans le prolongement d'une mission de conseil militaire de l'UE (EUMAN RCA) que l'EUTM-RCA a été lancée. Elle s'emploie à rendre les Forces armées centrafricaines (Faca) modernes, efficaces, inclusives et démocratiquement responsables », ajoute le Consilium.

La mission dispense des conseils stratégiques au ministère de la Défense et à l'état-major centrafricain ainsi que des cours aux officiers et sous-officiers et des formations aux unités des Faca. Elle compte cent soixante-dix personnes.

Le Conseil de l'Union européenne (UE) a cependant procédé à la modification du mandat de la mission « afin que l'EUTM-RCA puisse donner des conseils stratégiques non seulement au ministère de la Défense, au personnel militaire et aux forces armées mais aussi au cabinet du président centrafricain, et qu'elle puisse conseiller sur la coopération entre civils et militaires, y compris au ministère de l'Intérieur et de la gendarmerie", peut-on lire dans un communiqué de l'UE.

La mission vise à réduire l'influence des conseillers russes présents dans le pays depuis plusieurs mois. Elle participe également à la restructuration du secteur de la Défense dans trois domaines: le conseil stratégique, l'entraînement opérationnel et la formation. Au terme de son premier mandat de deux ans, l'EUTM-RCA a formé et entraîné trois mille soldats des Faca. Le Conseil de l'UE vient de lui allouer un budget d'environ 25,4 millions d'euros pour la période du 20 septembre 2018 au 19 septembre 2020.

Du côté de l'ONU, elle a déployé une mission de paix (Minusca, dix millesoldats) depuis 2014 qui peine à maintenir la sécurité dans le pays, contrôlé en majeure partie par des groupes armés, qui mettent la main parfois sur des ressources naturelles, notamment l'or, le diamant et le bétail.

Le Kremlin et la Chine de nouveaux concurrents

La Centrafrique est plongée dans une crise sécuritaire et politique. Deux nouvelles puissances ont décidé de s'y installer également. Il s'agit de la Chine et la Russie. L'assassinat de trois journalistes russes a dévoilé le rôle croissant des puissances étrangères dans le pays. Moscou est le dernier venu avec l'envoi de cinq instructeurs et cent soixante-dix civils en début d'année. Ils sont chargés de la formation de deux bataillons des Faca. Avec l'aval de l'ONU, le Kremlin aurait livré officiellement, par deux fois, des armes aux autorités centrafricaines car le pays est toujours soumis  à l'embargo sur les armes.

Mais la présence russe est mal vécue par les Européens, notamment la France qui y voit là une concurrence mal venue. Pour la Russie, l'objectif serait géopolitique, géoéconomique et/ou géostratégique.

Sur le plan géopolitique, la Russie veut consolider ce couloir d'influence en Afrique centrale via Luanda et Kinshasa. Sur le plan géoéconomique et/ou géostratégique, les compagnies minières russes sont intéressées par le sous-sol centrafricain.

À la Russie s'ajoute la Chine. Plusieurs compagnies chinoises, parfois liées au géant de l'armement, Poly Technologies par exemple, sont présentes dans les régions minières du nord. Le gouvernement centrafricain a demandé à l'ONU, via Poly Technologies, la fourniture de drones et de canons antiaériens.

Certains membres du Conseil de sécurité de l'ONU, dont la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont repoussé la demande d'au moins six mois. Certains de ces pays pensent que la livraison de ces armes se fait en échange de la délivrance de permis d'exploitation des sous-sols centrafricains.

Noël Ndong

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