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Catherine Embondza-Lipiti : son combat pour un meilleur statut de la femme

Lundi 3 Mars 2014 - 0:00

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Nommée ministre de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement le 25 septembre 2012, Catherine Embondza-Lipiti semble se sentir bien dans ses habits de porte-flambeau du combat féminin au Congo-Brazzaville

Catherine Embondza-Lipiti, ministre de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement « Il y a encore des verrous à ouvrir pour que les femmes, qui représentent près de 52% de la population congolaise, atteignent les principaux objectifs de leur émancipation », reconnaissait-elle au mois de janvier devant ses collaborateurs. Forte de ce constat, Catherine Embondza Lipiti a fait, entre autres, de la parité aux fonctions politiques, électives et administratives un des piliers de son combat à la tête de ce ministère. Elle définit cette notion comme « l’égale répartition du nombre de femmes et d’hommes dans les instances de prise de décision ».

L’impulsion est certes venue du président de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso, qui, dans un discours sur l’état de la nation le 13 août 2010, annonçait la mise en chantier d’une loi sur la parité aux fonctions politiques électives et administratives. Depuis, la loi tant attendue par les Congolaises tarde à venir. Elle figure tout au moins parmi les grandes attentes du département de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement au cours de cette année.

Selon le directeur de cabinet de la ministre, Ludovic Oniangue, l’avant-projet de la loi sur la parité a été élaboré et transmis au secrétariat général du gouvernement pour examen en conseil des ministres. Il en est de même pour plusieurs autres textes légaux relatifs aux violences faites aux femmes et aux filles, ainsi que le plan d’action de politique nationale genre 2014-2016. On peut également ajouter à cela un projet de décret portant organisation et fonctionnement de l’observatoire de la parité.

Tout reste à faire pour la femme congolaise

Parmi les avancées citées régulièrement pour illustrer la volonté des gouvernants à donner sa juste place à la femme congolaise, on prend souvent la nomination ces dernières années des administrateurs-maires des communautés urbaines dont un tiers, nommés en conseil des ministres, sont des femmes. À l’actif de l’État, on met aussi la loi électorale congolaise qui oblige les partis politiques à accorder un taux de 15% à 20% de femmes sur chaque liste de candidature à l’élection législative ou locale.

Mais, en réalité, la femme est loin d’être à la place qui lui revient. Sur 37 ministres, cinq seulement sont des femmes. Le Parlement compte 11,5% de femmes et sur les 14 membres du bureau des deux chambres, deux postes sont accordés à la femme. Par ailleurs, aucune femme ne préside de commission permanente parlementaire, aucune femme ne fait partie des douze préfets de département, aucune femme ne préside de conseil départemental ou communal, aucune femme ne préside d’institution constitutionnelle et une seule femme est à la tête d’un mouvement politique, Claudine Munari du Mouvement pour l’unité, la solidarité et le travail ; enfin, aucune femme n’a été candidate à la dernière élection présidentielle de 2009 au Congo.

Du verre vide au verre plein

À ce jour, seuls quatre pays – la Belgique, le Costa-Rica, l’Islande et le Rwanda – ont réussi à présenter un nombre de candidats hommes et femmes équivalent aux élections. Le Congo sera-t-il le cinquième sur la liste ? Difficile à dire, tant on sait que dans ce pays le leadership féminin se cherche.

Difficile aussi est le combat de l’ancienne secrétaire générale de la délégation générale aux Grands Travaux, qui, tout au long de sa carrière, n’a jamais voulu rien rater des rencontres internationales sur les questions de la femme et du genre. Catherine Embondza-Lipiti ne cesse de rappeler le rôle déterminant que sont appelées à jouer les femmes dans le processus du développement du Congo. Mais à l’évidence, il lui faut les coudées franches pour sortir les Congolaises de l’ornière d’une société visiblement peu encline à faire du fifty-fifty entre hommes et femmes.

Journée internationale de la Femme 2014

Célébrée tous les ans le 8 mars, la Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale, communément appelée Journée internationale de la femme, aura pour thème en 2014 « L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour toutes et tous ». Elle coïncide cette année avec la cinquante-huitième session de la Commission de la condition de la femme, qui se tiendra au siège des Nations unies à New York à partir du 10 mars.

Officialisée par les Nations unies en décembre 1977, la Journée internationale de la femme est une journée de manifestations pour l’amélioration de la condition féminine, de bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendications en faveur de l’égalité homme-femme.

La Journée internationale de la femme est un jour férié en Angola, au Burkina-Faso, en Guinée-Bissau, à Madagascar, en Ouganda et en Zambie.

R.M.B.

 

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Catherine Embondza-Lipiti, ministre de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement ©DR