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Et Marcel Gotène revint ...

Samedi 8 Septembre 2018 - 19:08

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Cinq ans après sa mort, voici que le plus célèbre des peintres africains, Marcel Gotène, revient sur le devant de la scène. Non pour une exposition limitée, partielle et temporaire de son œuvre comme cela s'est produit à plusieurs reprises, mais pour l'écriture de ce que fut sa vie, son long apprentissage de l'art pictural, sa conception de l'être humain, son amour de la nature, ses croyances profondes, sa maîtrise des pinceaux et des couleurs, bref son existence vouée tout entière à la création qui demeure pour une large part ignorée et sous-estimée hors de son pays natal aujourd'hui encore.

Au cœur du mouvement qui se dessine enfin et qui fera très vite de Marcel Gotène une icône de l'art contemporain, tout comme cela s'est produit hier pour Pablo Picasso ou Raoul Dufy, se trouvent les êtres les plus proches de lui. Ceux qui l'ont accompagné jusqu'à sa mort, son épouse et ses deux filles, ceux qui l'ont soutenu avant son décès et qui ont aidé sa famille depuis sa disparition afin qu'elle vive décemment sans brader les tableaux qu'il leur avait légués et sans détruire les documents uniques, irremplaçables parce que retraçant son histoire qu'elle avait conservée.

Oui Marcel Gotène revient aujourd'hui. Avec la Fondation qui porte son nom et que crée cette même famille dans le but de préserver à jamais un héritage artistique qui n'a pas et n'aura jamais de prix tant il est riche, divers, ancré dans les traditions du Congo, inspiré par la nature, ouvert sur d'autres mondes.  Afin, aussi, de lutter contre les déviances de toute nature que génèrera inévitablement et à terme plus ou moins rapproché l'attention croissante de la communauté mondiale concernant son œuvre. Des déviances que l'Etat lui-même s'emploie désormais à combattre comme le prouve le décret adopté en Conseil des ministres le 20 avril dernier qui « porte classement de l'œuvre  de l'artiste Marcel Gotène au patrimoine national culturel de façon à ne pas l'exposer au pillage, au copiage des originaux, au plagiat et à la contrefaçon, dans ce monde en proie au trafic illicite des biens culturels ».

Si nous évoquons ici et aujourd'hui le retour du grand peintre sur la scène publique, c'est parce que le monde va pouvoir enfin découvrir ce que fut sa vie, s'imprégner de sa vision du monde grâce à l'ouverture du site internet qui lui est consacré et qui sera lancé dans les heures à venir. Un site web qui permettra au grand public, sur les cinq continents, de comprendre enfin pourquoi et comment Marcel Gotène devint le génie qu'il fut après avoir été formé à l'école de peinture de Poto-Poto à Brazzaville puis,  en France, dans la prestigieuse école de tapisserie d'Aubusson; un site qui présentera les documents ayant jalonné la longue vie de celui que l'on appelle dès à présent "le Picasso de l'Afrique" et les nombreux tableaux, gouaches ou esquisses que sa famille a conservés dans le but de perpétuer sa mémoire.

Si Marcel Gotène revient aujourd'hui, ce n'est pas seulement parce que les siens pensent à juste titre que le temps est venu de retracer cette belle histoire avec des documents et des pièces authentiques que personne n'avait jamais vus jusqu'à présent. C'est aussi parce que là où il repose depuis son décès en 2013, il pense, comme il nous l'avait dit peu avant sa mort, que son œuvre contribuera fortement dans l'avenir à mieux faire connaître le Congo et plus largement le Bassin du Congo sur les cinq continents.

C'est très précisément ce qu'il avait énoncé le 18 novembre 2009 lors de l'ouverture de l'exposition que nous avions organisée à sa demande dans le Musée-Galerie Congo, installé dans l'immeuble des Manguiers que nous occupons en plein cœur  de Brazzaville et qui abrite provisoirement la Fondation Marcel-Gotène.

Devoir de mémoire et d'amitié oblige !

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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