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Le monde tel qu'il va

Samedi 15 Septembre 2018 - 19:26

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À l’échelle des nations se profilent depuis quelques années des rapprochements qui préfigurent le modèle vers lequel s’orientent désormais les relations internationales : celui de la reconstitution, patiente mais décidée, de l’ossature sur laquelle elles reposaient depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu, en effet, au lendemain de la chute du Mur de Berlin à la fin des années 1980, un certain attentisme que l’on a très tôt assimilé à la disparation du conflit Est-Ouest, la fin de la guerre froide.

Cet attentisme a duré un petit moment, disons, le temps de voir de nouvelles figures accéder au pouvoir aux Etats-Unis, en Russie, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, voire en Chine. Le dernier pays est cité entre guillemets en raison du mode de désignation de ses dirigeants dans le cadre du parti unique, à l’opposé des autres puissances où l’accession à la magistrature suprême se déroule dans le cadre d’une concurrence à plusieurs. Il n’empêche que son poids sur la scène internationale le lie absolument au sort de l’humanité. Ces nouvelles figures sont toutes aussi rigides à l’idée de montrer les muscles qu’on ne le pense.

Dans les chancelleries, les instituts de recherche comme dans les rédactions des quotidiens et hebdos, on se penche beaucoup sur le style que le président des Etats-Unis, Donald Trump, imprime à son mandat : jamais avant lui, un locataire de la Maison-Blanche ne s’était montré aussi imprévisible qu’insaisissable dans sa relation avec l’ordre établi tant au plan national qu’international. A l’interne, ses collaborateurs sont démis sur un simple tweet mais ils sont aussi nombreux à s’en aller jugeant l’atmosphère alentour étouffante pour exercer leurs nobles et hautes fonctions.

A l’international, les amis européens du pays de l’Oncle Sam ne savent plus à quel saint se vouer tant le président n’hésite pas à leur demander des comptes sur des sujets qui relevaient d’avance de la chose convenue entre un « aîné » et ses « cadets ». Tel le financement de l’Otan ou encore cette bonne entente solide et ancienne dans les relations économiques entre partenaires du monde capitaliste. Si elles ne sont pas restées meilleures sous le président Barack Obama, les relations entre les Etats-Unis d’une part, la Russie et la Chine d’autre part, se sont davantage détériorées sous le président Trump. D’où une recomposition presque assidue des partenariats chez les « Grands » de ce monde qui se déroule sous nos yeux.

Le 12 septembre, après qu’elle avait achevé sa réunion avec l’Afrique autour du forum tenu les 3 et 4 septembre, à Beijing, la Chine a rejoint Vladivostok pour un autre forum économique avec la Russie. Au cours de celui-ci, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue chinois, Xi Jinping, se sont engagés à raffermir leur coopération. Même si les deux pays n’ont jamais été des amis inséparables, ces retrouvailles par temps de « climat géopolitique mondial imprévisible » montrent à quel point le doute persistant rapproche ceux qui veulent « lutter contre les approches unilatérales aux problèmes internationaux », comme l’a estimé Xi. Quelles peuvent être à terme les conséquences de ces prises de position ?  

La réalité de la détente amorcée par l’Est et l’Ouest, dans les années 1960, était qu’en dépit des frictions qui les opposaient, entre elles, les grandes puissances avaient une vision « pacifiste » du monde ; leurs dirigeants se fréquentaient, chacun gardant en tête de promouvoir les intérêts de son pays et ceux de l’humanité. On peut dire que l’ONU, dans son rôle de tribunal diplomatique des nations, se portait mieux.  Aujourd’hui, les uns et les autres ne se soucient guère que de leurs intérêts sans mesurer que ceux-ci ne peuvent prospérer que dans un environnement international où, à côté des plus forts, les faibles ont aussi leur place, leur mot à dire et pas seulement leurs oreilles pour s’entendre répéter qu’ils sont les plus faibles et ne comptent pas.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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