Agrobusiness : le palmier à huile, une chance pour l’Afrique

Vendredi 26 Octobre 2018 - 21:34

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Depuis 2012, des industriels asiatiques et européens se ruent vers des terres africaines pour le planting du palmier à huile. Il peut être une chance pour le continent, à condition que le développement rural ne rime pas avec la menace environnementale.

Que ce soit au Cameroun, au Congo, en Angola, en Côte d’Ivoire, en Tanzanie ou au Mozambique, plus de 2,5 millions d’hectares sont déjà tombés dans l’escarcelle des agro-industriels, avides de terres arables disponibles pour la culture – très rentable – du palmier à huile. «Aujourd’hui, un producteur gagne en net quelque trois mille dollars par hectare et par an », explique Alain Rival, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

Entre 2000 et 2011, le prix de l’huile de palme a presque été multiplié par quatre. La demande de cette matière première, massivement utilisée dans l’agroalimentaire (chocolat, biscuits, huile de table), les cosmétiques et l’industrie énergétique (biocarburants), augmente en moyenne de 3% par an.

La production mondiale de quarante-cinq millions de tonnes par an (sur cent trente-trois millions de tonnes d’huiles alimentaires, soit 34%) couvre à peine la demande actuelle. « Le marché est très tendu parce que l’offre ne suit pas la demande », affirme Alain Rival. Avec ses deux millions de tonnes annuelles, l’Afrique est encore un producteur marginal malgré son potentiel agricole. Elle pourrait toutefois profiter largement de la croissance de la demande mondiale. Sa partie équatoriale et tropicale est la mieux placée car elle dispose d’un climat favorable, d’une législation souple et de terres accessibles, propices à la culture de cette plante.

La demande d’huile alimentaire devrait progresser de vingt-huit millions de tonnes d’ici à 2020 et le palmier à huile reste le mieux adapté pour y répondre. Alors que recourir au soja nécessiterait quarante-deux millions d’hectares, l’huile de palme n’en requiert que 6,3 millions, auxquels s’ajoutent cinq millions d’hectares pour satisfaire la demande européenne et chinoise en biocarburant.

Incités par la directive européenne selon laquelle les biocarburants doivent représenter 10% de la consommation d’énergie dans les transports d’ici à 2020, les groupes occidentaux sont déjà présents en Afrique. L’italien ENI, premier producteur de pétrole sur le continent, s’est entendu avec le gouvernement angolais pour développer des plantations de palmier à huile. On le retrouve, par ailleurs, au Congo où il a conclu un accord en 2009 pour soixante-dix mille hectares dans lesquels il prévoit d’investir deux cent soixante-dix millions d’euros. Un opérateur télécoms chinois, de son côté, s’est lancé sur cent mille hectares en République démocratique du Congo, via sa filiale ZTE Agribusiness Congo. Des Indiens et des Brésiliens sont aussi dans la course. Reste à savoir comment l’Afrique, marché très important pour l’huile de palme, tirera profit de l’arrivée massive d’investissements. Elle en importe déjà 4,5 millions de tonnes par an.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Une plantation de palmiers à huile

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