Tourisme africain : des résultats probants malgré un classement décevant dans le monde

Samedi 27 Octobre 2018 - 19:20

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L’Afrique n’a capté que trente-sept milliards de dollars américains générés par quelque soixante-trois millions de touristes internationaux enregistrés en 2017 dans la région. Si la tendance est haussière par rapport à 2016, l’on est toujours très loin du compte car il y a eu 1326 milliards de visiteurs comptabilisés au cours de cette période et les recettes ont touché les 1340 milliards de dollars américains.

Pour faire décoller le secteur du tourisme, l'Afrique doit agir rapidement dans plusieurs domaines et tirer profit des expériences réussies d’autres pays de la région, dont le Rwanda en matière d’infrastructures et d’amélioration de la qualité de l’accueil. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a publié les derniers chiffres des destinations touristiques prisées dans les cinq continents. Dans l’ensemble, il en ressort malheureusement une piètre prestation du continent africain même si son score s’est amélioré d’une année à l’autre. En effet, les chiffres révèlent globalement que l’Afrique, en dépit de la diversité des pays, n’a pas réussi à tirer une grande partie des revenus du tourisme international faute d’investissements conséquents dans les infrastructures de base. Seulement une dizaine de pays africains comme l’Afrique du Sud, les Seychelles, la Tunisie, l’Ile Maurice et la Namibie s'est démarquée grâce à des investissements massifs dans les infrastructures de base. Selon l’OMT, ces pays ont perçu avant les autres le potentiel socio-économique que renferme le secteur du tourisme et y attachent désormais une plus grande attention.

En comparant les performances par continent, l’Asie a attiré 323 millions de visiteurs pour des recettes de l’ordre de 390 milliards de dollars américains. L’Amérique vient juste après, avec 211 millions de touristes pour des recettes de l’ordre de 326 millions de dollars américains. Enfin, l’Europe est restée en tête des continents les plus visités l’année dernière. Elle a attiré 672 millions de visiteurs pour des recettes de 519 milliards de dollars américains.

Des chantiers majeurs pour l’Afrique

Le défi prochain pour le continent africain sera d’arriver à faire pencher la balance dans l’autre sens. Mais pour y parvenir, l’OMT a recommandé de lever les trois principales contraintes : administrative, réglementaire et infrastructurelle. Au niveau administratif, le constat encourageant est l’effort africain pour se doter d’une stratégie nationale de développement du tourisme. Cette démarche permettra de déceler les obstacles qui bloquent encore l’ascension du secteur dans un contexte pourtant favorable. Il y a également les formalités administratives laborieuses pour obtenir un visa d’entrée. Le continent africain enregistre un grand retard dans la mise en œuvre du visa électronique. « Le service qui facilite l’obtention des titres consulaires peut jouer un rôle décisif dans le choix de la destination finale ». Après avoir réglé ce problème, il faut porter une attention particulière sur le prix du billet d’avion. Les touristes étrangers rejoignent les pays africains par les vols des compagnies aériennes privées étrangères, pratiquant souvent des tarifs prohibitifs. Avec leurs budgets limités, la majorité des touristes est contrainte de passer par ces compagnies à défaut de contacter une compagnie de transport national assurant la liaison.

Enfin, la question des infrastructures revient très souvent. L’accueil est l’étape la plus importante qu’on ne peut pas négliger. Il faut des hôtels, des infrastructures physiques de base comme les aéroports, les ports et les réseaux routiers et ferrés, note l’OMT. Il ne faut pas oublier non plus l’assainissement, l’approvisionnement en eau potable et surtout l’électricité. Le moyen de communication reste également une priorité pour garantir l’attrait du pays.  

RDC : la province cuprifère adopte le tourisme

Le Lualaba concentre plus 70 % des richesses minières de l’ex-Katanga. Mais il y a aussi de nombreux sites naturels comme les chutes de plus de 80 m, la faune et la flore, les parcs nationaux, les grottes naturelles et autres cascades. Créé à l’issue du découpage territorial de 2008, il est la province la plus richement dotée en cuivre et cobalt. Pourtant, le Gouvernement provincial installé depuis deux ans veut promouvoir d’autres secteurs porteurs, dont le tourisme, pour diversifier une économie très fragile face aux soubresauts des cours internationaux des matières premières. L’argent généré par les mines sert désormais à mettre en œuvre des projets attractifs au bénéfice d’autres secteurs capables de déverrouiller le potentiel de croissance. Le principal défi de la province est de résoudre le problème de l’accessibilité aux nombreux sites touristiques, a-t-on appris. Signe évident d’un regain du côté du tourisme, les restaurants ne désemplissent plus et les chambres d’hôtel vides sont introuvables dans la capitale Kolwezi. La province a commencé également à former l’ensemble des acteurs concernés par le secteur : serveurs, protocoles, etc. Les vestiges miniers de la province deviennent autant de sites touristiques pour  découvrir le monde minier plutôt fermé d’habitude. Plusieurs autres formes de tourisme ont vu le jour, et les autorités provinciales confirment les travaux en cours pour la construction d’un aéroport international.               

Laurent Essolomwa

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