Union africaine : certaines réformes internes adoptées

Lundi 19 Novembre 2018 - 12:00

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Les chefs d’Etat et de gouvernement ont, lors du 11e sommet extraordinaire de l’organisation continentale tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, du 17 au 18 novembre, adopté un certain nombre de réformes visant à la rationaliser et à obliger les Etats membres à respecter leurs obligations financières.

Les dirigeants africains ont notamment soutenu les mesures visant à renforcer l’Union africaine (UA) tout en générant des recettes auprès des États membres et en sanctionnant ceux qui ne versent pas leurs contributions. Ce qui était très capital puisque l’organisation dépend actuellement des donateurs étrangers qui, en 2019, devront payer 54% d’un budget total de 681,5 millions de dollars (596 millions d’euros).

L’UA a, par ailleurs, accepté de réduire le nombre de ses commissions de huit à six. Il ressort de cette réforme que la paix et la sécurité fusionnent dorénavant avec les affaires politiques, alors que le commerce et l’industrie forment un seul ensemble avec les affaires économiques, comme l’a indiqué le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA aux journalistes.

Les dernières assises de l’institution africaine ont été aussi l’occasion de lancer un fonds destiné à financer les réponses aux crises sur le continent avant qu’elles ne dégénèrent en conflits ouverts. Il reste maintenant à traduire cette volonté dans les faits d’autant que ce fonds ne dispose présentement que 60 millions de dollars recueillis auprès de pays africains alors qu’il devrait être doté à terme de 400 millions de dollars.

Selon des diplomates, le Fonds pour la paix fait partie des propositions visant à sevrer l’UA de l’argent des donateurs étrangers, dont la pièce maîtresse est une taxe sur les importations de 0,2% destinée à financer l’organisation. Près de la moitié des cinquante-cinq Etats membres a accepté de la payer pour réduire la dépendance de l’organisation à l’égard des bailleurs étrangers, qui contribuent à son budget à hauteur de 50%.

Le gouvernement américain a déjà critiqué le projet de la taxe sur les importations, arguant qu’il viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Dans une déclaration, la mission américaine auprès de l’UA a affirmé qu’elle soutenait les objectifs d’autofinancement mais s’opposait aux « mesures commerciales » pour les atteindre. « Nous sommes fiers de notre partenariat avec l’UA et nous continuerons à travailler avec l’UA (...) pour trouver des moyens efficaces d’apporter la paix et la sécurité au continent », a-t-on noté dans le document.

Malgré des avancées enregistrées, la majorité des pays membres de l’UA a rejeté le projet de l’actuel président en exercice de l’UA de donner au chef de la Commission de l’UA le pouvoir de nommer ses propres adjoints et commissaires. Si cette réforme était adoptée, elle permettrait de rendre l’administration plus responsable devant son chef.

Les progrès réalisés en matière de réformes internes de l’UA ont été salués par le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat rwandais même si certaines de ses propositions n’ont  pas été approuvées par ses pairs. « Aujourd’hui, nous avons lancé la Commission (l’exécutif de l’UA) sur une trajectoire plus performante avec des effets bénéfiques qui se feront sentir pendant des décennies (…). Nous avons fait notre part du travail pour poursuivre le voyage et je m’attends à ce que le prochain (...) président de l’Union africaine poursuive sur la même lancée et avec les mêmes progrès », a déclaré Paul Kagame, dont le mandat de président de l’organisation continentale expire en janvier 2019.

C’était un sommet de dernière chance pour hâter les réformes

Le chef de l’Etat rwandais avait été chargé, en 2016, par ses pairs de réfléchir à une réforme visant notamment à garantir l’autonomie financière de l’organisation pour lui donner les moyens de sa souveraineté politique. Ce qui était de tout point de vue nécessaire puisque l’UA a été pendant de longues années critiquée pour sa lourdeur administrative et son inefficacité.

Pour avoir compris la nécessité d’engager des modifications au sein de l’organisation panafricaine, Paul Kagame a, depuis qu’il assure la présidence tournante de l’UA, cherché à tailler dans les dépenses de l’union, en limitant le nombre de sommets et de commissions et à réduire sa dépendance à l’égard des donateurs étrangers. Il a aussi suggéré que l’organisation circonscrive ses priorités à la sécurité, la politique et l’intégration économique. Il s’en était suivi l’adoption de certaines réformes. C’était le cas des sommets qui, en début d’année en cours, sont passés de deux à un sommet annuel.

Des observateurs estiment que le sommet qui vient de se tenir au siège de l’UA était celui de la dernière chance pour Paul Kagame de faire adopter des mesures fortes avant qu’il ne passe le relais au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, moins enclin que lui aux réformes.

Outre les réformes, la santé du président Ali Bongo Ondimba a été au centre des préoccupations de l’UA qui, dans un communiqué, a indiqué être attachée au « strict respect de l’ordre constitutionnel » au Gabon. L’organisation continentale faisait allusion à la démarche de la Cour constitutionnelle qui a modifié, le 14 novembre, la Constitution pour pallier l’absence du chef de l’Etat, hospitalisé à Ryad.

Selon un communiqué du président de la Commission de l’UA rendu public durant le sommet, une « mission d’information et d’écoute » sera dépêchée « dans les meilleurs délais » à Libreville. Moussa Faki Mahamat s’est dit « préoccupé par certains développements en rapport avec la situation sanitaire du chef de l’État », et a appelé « l’ensemble des acteurs politiques et institutions du pays à conjuguer, en toute responsabilité, leurs efforts en vue de préserver l’unité, la paix et la stabilité ».

La présidence gabonaise a récemment indiqué qu’Ali Bongo est depuis le 24 octobre en Arabie saoudite où il se trouve « dans une phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques » à la suite d’un « malaise », de « vertiges » et d’un « saignement ».

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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