Grand Katanga : pari risqué pour Martin Fayulu

Mercredi 12 Décembre 2018 - 17:00

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Après le revers subi à Kindu où son jet a été interdit d’atterrissage, le candidat de "Lamuka" peine à se déployer dans la province du Tanganyika, à la suite des restrictions auxquelles il est censé faire face sur fond d’instrumentalisation d’une certaine jeunesse katangaise manipulée et dressée contre sa personne.    

Le candidat de la coalition Lamuka n’est décidément pas au bout de ses peines. Sa tournée dans le Congo profond est jusqu’à ce jour émaillée de violences et d’incidents qui laissent perplexes tous ceux qui ont parié pour la tenue des élections apaisées d’ici au 23 décembre. Arrivé le 12 décembre à Kalemie, le chef-lieu du Tanganyika, en provenance de Lubumbashi où il a eu maille à partir avec les autorités locales qui ne lui ont pas laissé le temps de communier avec ses partisans, Martin Fayulu devra faire avec la grande hostilité montée contre lui. Le chemin de la croix pour cet allié de l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, se poursuit dans le Grand Katanga.

Des sources locales renseignent qu’alors que son cortège s’ébranlait vers le stade Benda où il devait tenir un meeting, sa délégation a été attaquée par un groupe de jeunes gens portant des T-shirt estampillés PPRD, le parti phare du Front commun pour le Congo. Au rond-point Kisebwe où ses partisans s’étaient regroupés en grand nombre pour l’ovationner, la police y a fait irruption pour les disperser à coup de gaz lacrymogène. Jusqu’en début d’après-midi, l’incertitude a plané sur la tenue de ce meeting d’autant plus que les pro-Shadary ont improvisé, sur le même site réquisitionné par Martin Fayulu, leur meeting, créant dans la ville une atmosphère de confusion.

La tragédie de Lubumbashi

Après le revers subi à Kindu où son jet a été empêché d’atterrir pour des raisons qui procèdent plus de la subjectivité que de l’objectivité, Martin Fayulu qui, entre-temps, avait mis le cap sur Lubumbashi, a connu presque les mêmes restrictions. Son arrivée dans le Haut Katanga, le 11 décembre, a donné lieu à une levée des boucliers de la part des forces de l’ordre, visiblement conditionnées à ne pas le laisser battre librement campagne. La population qui, d’après des sources locales, s’était déplacée en masse pour se rendre à l’aéroport, a dû en découdre avec les éléments de la police dressés sur son chemin. Des gaz lacrymogènes ont été lancés afin de dissuader les partisans de Lamuka venus en grand nombre à rebrousser chemin. C’était sans compter avec la détermination de ces derniers qui, munis d’armes blanches, ont engagé un bras de fer avec la police. 

Dans la foulée, le cortège de Martin Fayulu, qu’encadrait une foule d’inconditionnels intrépides, obligé d’emprunter un autre itinéraire sur ordre de la police, a éprouvé bien de peine à se mouvoir dans les rues de la capitale cuprifère, pour la plupart barricadées. Plutôt que de se rendre à la cité de jeunes dans la commune de Kampemba, où il devait tenir son meeting, le candidat n°4 a du prendre la direction de la résidence de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, l’ex-président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga réputé proche de Moïse Katumbi. Pendant ce temps, la population civile affrontait la police à la cité des jeunes, envenimant un peu plus le climat déjà délétère.

En un clin d’œil, la ville cuprifère a offert une image apocalyptique avec des pneus brulés jonchant les rues et des mouvements de foule, allant dans tous les sens, dispersés à coups de gaz lacrymogène et par des jets d'eau chaude. Cinq véhicules de la police ont été incendiés. Dans la foulée, plusieurs militants de Lamuka ont été arrêtés par la police. Le bilan établi par l'Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj) fait état de deux partisans de Lamuka tués par balles réelles et de quarante-trois personnes blessées. Ce que dément la police qui, par la voix du général Paulin Kyungu (chef de la Police nationale/Haut-Katanga), parle plutôt de onze policiers et de deux civils blessés.

S’exprimant au sujet d’incidents qui émaillent la campagne électorale du candidat de Lamuka à la présidentielle, son directeur de campagne, Pierre Lumbi, a, au cours d’un point de presse tenu le 11 décembre, accusé le camp du pouvoir de chercher « par tous les moyens à arrêter le processus électoral ».  Ce qui s’est passé à Lubumbashi, a-t-il dit, « démontre à suffisance que ce pouvoir est aux abois (...) Il se rend compte que l’ampleur d’adhésion à la candidature de Martin Fayulu est telle que même la machine ne pourra pas tricher », a déclaré ce proche de Moïse Katumbi, un des principaux soutiens de Martin Fayulu dans le cadre de la coalition Lamuka.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Martin Fayulu à l'étape de Kalemie

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