Théâtre: l’immigration clandestine au cœur de la pièce ‘’Passe pas l’homme’’

Jeudi 17 Janvier 2019 - 20:17

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Arthur Vé Batoumeni, comédien, metteur en scène et cinéaste, est l’un des acteurs retenus à jouer la pièce "Passe pas l’homme", dans le cadre du prolongement des spectacles Hors les murs de l’Institut français du Congo (IFC). L’immigration clandestine fait des victimes à cause de ces jeunes qui quittent leur papys pour espérer trouver le bonheur en Occident. Dans l’interview qu’il a bien voulue accordée aux Dépêches du Bassin du Congo, Arthur revient sur les risques d’un tel périple.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : Vous venez de clôturer une série de spectacles intitulée "Passe pas l’homme". Pouvez-vous nous dire, d’entrée de jeu, ce qu’il en est ?

Arthur Vé Batoumeni (A.V.B): "Passe pas l’homme" est un texte de Faustin Nkoua Loutioni, il est aussi le metteur en scène du spectacle. C’est un texte qui parle de l’immigration clandestine portant sur deux jeunes africains qui se décident de traverser la méditerranée pour aller en Espagne où ils espèrent trouver le bonheur.

L.D.B.C : En évoquant un tel texte, sur quoi mettez-vous l’accent ?

A.V.B : Nous mettons l’accent sur les risques d’un tel périple que la jeunesse prend pour pouvoir aller vers un tel eldorado sans doute à cause de l’incertitude de l’avenir dans les pays africains.

L.D.B.C : Quand vous parlez des risques, à quoi faites-vous allusion ?

A.V.B : Je dirai d’abord que par rapport à ce spectacle, il y a les risques de traverser la méditerranées dans des conditions presque improbables ; il y a beaucoup de risques de mort. Deuxièmement, dans ce genre d’équipée, on a souvent vu des jeunes gens qui ont péri dans le désert ; on a aussi vu des jeunes gens qui se faisaient arnaquer par des passeurs et d’autres qui ont été dépouillés ou peut-être assassinés. Il y en a aussi ceux qui sont morts dans les pays où ils ont voulu aller de maltraitance policière.

L.D.B.C : En jouant cette pièce,  faites-vous une interpellation de la conscience des clandestins ou des migrants ?

A.V.B : L’interpellation ou l’alerte, elles vont d’un côté ou de l’autre. A ceux qui risquent de telles aventures et ceux qui sont censés accueillir ces migrants. On ne dit pas qu’il faut leur ouvrir forcément les portes de l’Europe, ils peuvent être rapatriés vers leurs pays d’origine sans pourtant qu’ils aient été molestés ou subi de maltraitance.

L.D.B.C : Par rapport à cette question d’immigration clandestine, ne peut-on pas dire que la responsabilité est partagée entre la mère patrie (France, Belgique, Angleterre…) et les pays d’origine de ces clandestins ?

A.V.B : Je pense qu’à ce niveau, quand on parle de la gouvernance, je me dis que c’est chercher la part belle en déclarant que « la responsabilité est partagée ». Or, mère patrie a cessé de l’être depuis soixante ans. Ça fait longtemps que les pays africains ont pris en main leur destinée. Voilà pourquoi je pense que si ces jeunes quittent les pays où ils vivent, c’est parce qu’ils mènent des vies de précarité. Si je pense que ces pays sont bien  gérés, ces jeunes ont la possibilité de concrétiser leurs rêves sur leur territoire d’origine.

L.D.B.C : Parlez-nous du projet Brazza kilomètre zéro dans lequel vous et Gladys Samba avez été retenus…

A.V.B : Brazza kilomètre zéro est un projet de trois Français venus en séjour à Brazzaville pour faire des recherches. Parce qu’ils voulaient créer un spectacle musical ou pluridisciplinaire qui parle plus ou moins de la réalité brazzavilloise. Ils avaient donc travaillé avec des artistes de plusieurs disciplines, à savoir des musiciens, comédiens, slameurs…, du coup nous avons été choisis pour travailler avec eux en France et présenter un spectacle au festival Afrique colore en novembre et décembre à Paris. Nous avons eu à présenter deux spectacles dans le cadre de ce festival. Le premier c’était à musique au comptoir à Fontenay sous bois et le second c’était à terre de Vanve. Une série de spectacles que nous avons clôturée le 1er décembre 2018.

L.D.B.C : 2019 vient de commencer. Qu’est-ce qui est prévu en cette année nouvelle ?

A.V.B : Il faut dire que j’avais pris cinq ans où j’ai eu un repos sabbatique pour m’occuper de ma famille. Je m’étais un peu mis en retrait des activités artistiques que je ne peux pas arrêter,parce que c’est  le seul et unique métier que j’exerce. Il fallait donc que je me revisite. Que je revisite mes connaissances artistiques, ma façon de penser l’art. Ce qui fait que depuis 2016, je commençais à revenir petit-à-petit. Et 2019, c’est vraiment l’année où je décide de revenir de plain pied et rendre hommage à des gens qui m’ont accompagné. Cette année, je commence par un hommage à deux aînés qui m’ont accompagné et soutenu, Eric Mampouya et Paul Milongo. Je vais reprendre une pièce de moi, " Pauvre petit gars d’à côté" dont la mise en scène a été faite par ces deux là. Et en tant que réalisateur et metteur en scène, présenter aussi cette pièce en leur mémoire.

 

Propos recueillis par A Ferdinand Milou

Légendes et crédits photo : 

Arthur Vé Batoumeni

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