Déplacement de la population : un mouvement massif de retour dans les provinces touchées par l’insécurité

Samedi 16 Février 2019 - 18:09

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L’on estime à près de trois millions le nombre de personnes déplacées entre 2016 et novembre 2018, et à plus de quatre millions le nombre de personnes retournées au cours de la même période dans sept provinces concernées par les évaluations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Il en ressort également que la plupart des personnes retournées ont été identifiées dans l'espace kasaïen.

Les résultats des dernières évaluations de l’OIM organisées du 22 février au 28 novembre 2018, dans sept provinces du pays, sont désormais disponibles. Il s’agit d’un travail de terrain mené dans le cadre de son programme de matrice de suivi de déplacement (Displacement tracking matrix). Il tire sa principale motivation de la recherche effrénée d’une réponse à la crise humanitaire qui affecte actuellement la République démocratique du Congo. Les provinces ciblées lors des investigations sont le Kasaï, le Kasaï central, le Kasaï oriental, le Lomami, le Sud-Kivu, le Sankuru, le Sud-Kivu et le Tanganyika. Par ailleurs, les mouvements de la population identifiés dans ce rapport ont eu lieu en 2016, 2017 et même 2018. L’autre précieuse information concerne le véritable objectif du programme qui reste difficile à réaliser sur le terrain en raison des poches d’insécurité persistantes. Comme l’explique l’OIM, il s’agit de fournir des informations de base et de première main sur les mouvements de personnes déplacées et retournées afin de « renforcer la compréhension des dynamiques du déplacement forcé et de mettre en place des réponses humanitaires adéquates ».

Selon quelques chiffres essentiels publiés, les évaluations ont couvert un total de cent trente-sept zones de santé dans les provinces ciblées. Les équipes de terrain ont effectué une visite de travail dans tous les villages accessibles dans ces provinces. « Elles ont collecté des données auprès d’informateurs-clés », renseigne l’OIM.

Les résultats chiffrés parlent d’un total de 22 125 villages évalués et de 60 869 informateurs-clés interrogés pour constituer cette base de données. Ces équipes de terrain étaient constituées des agents de différentes ONG locales partenaires de l’OIM dont RDC competence, Radpi, Aides, Travail et droits de l’homme, Gouvernance plus, PDHPES. Il y a eu également une fructueuse collaboration avec les divisions provinciales de la santé. Celles-ci opèrent dans les territoires, les zones de santé et les aires de santé. L’on signale, par ailleurs, que plusieurs paramètres dont les défis sécuritaires et logistiques n’ont pas permis d’assurer une couverture totale, malgré l’objectif ambitieux de départ de déployer les efforts dans tous les villages et aires de santé dans les provinces.

En se référant aux résultats, il ressort tout de même qu’il y a eu 2 964 264 personnes déplacées (cumul de 2016 à novembre 2018) et 4 526 559 personnes retournées (cumul de 2016 à novembre 2018). Si la plupart des personnes déplacées se trouvent dans le Sud-Kivu (28 %) et le Kasaï central (26 %), environ 55 % des retournées ont été identifiées au Kasaï central et au Kasaï. Depuis 2016, rapportent les informateurs, au moins 2,5 millions d’individus ont regagné leur village d’origine après avoir été déplacés de force. Près de 60 % des ménages se sont déplacés en 2017. L’année dernière, 37 % des déplacements ont eu lieu dans le Sud-Kivu et 30 % dans le Kasaï oriental. L’OIM a précisé que 64 % des personnes déplacées ont fui les attaques armées. Moins de 30 % ont cherché à échapper aux conflits intercommunautaires. 5 % des mouvements de déplacement en 2016 ont été provoqués par la crise alimentaire, mais la tendance grandissante du phénomène n’est pas sans inquiéter car 9 % des mouvements de déplacement en 2018 ont eu pour cause principale le problème alimentaire. 

Laurent Essolomwa

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