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Aide-moi, mon ami!

Vendredi 1 Mars 2019 - 18:45

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« Ami » est le terme qu’emploie de temps en temps le président américain, Donald Trump, dans certains de ses tweets, pour désigner son homologue nord-coréen, Kim Jong-Un. Avec qui, évidemment, il a tissé une relation qu’il espère fructueuse à mesure que l’axe Washington-Pyongyang épouse la voie du dialogue au détriment d’une périlleuse confrontation. Mais autant leur première rencontre, l’année dernière, à Singapour (Indonésie), avait été spectaculaire et même couronnée d’espoirs, autant la toute récente organisée à Hanoï (Vietnam), les 27-28 février, a négativement marqué les esprits.

On s’attendait, en effet, à ce que les deux présidents s’autorisent quelques concessions réciproques ; l’Américain sur la levée des sanctions infligées de longue date au régime de son ami, et le Nord-Coréen sur l’abandon du nucléaire. Avec le sens de la formule qu’on lui connaît, le locataire de la Maison-Blanche aurait développé une thématique extraordinaire pour célébrer un tel dénouement. Rien de tout cela n’a été obtenu, alors même que Donald Trump tempère désormais son impatience. Le tout, comme s’il voulait faire comprendre à son interlocuteur que dans cette affaire, c’est bien ce dernier qui a le plus besoin de son aide.

Il est vrai que pour avoir rencontré Kim Jong-Un à deux reprises, en l’espace de huit mois, le président de la première puissance mondiale a brisé l’isolement qui étreint depuis toujours l’un des chefs d’Etat les moins en vue sur la scène internationale. Ce dernier peut être animé d’un sentiment de gratitude à l’égard du premier et ne pas s’interdire de penser du bien de lui, d’espérer une aide déterminante de sa part. Donald Trump ne trouve-t-il pas satisfaction dans le fait de maintenir le dialogue avec Pyongyang et donc d’entretenir ce climat de relative confiance le temps que les fameuses sanctions dissuadent la Corée du Nord de poursuivre l’enrichissement de l’uranium ?     

La complexité de la relation entre les deux hommes vient de ce que Donald Trump est à la tête d’un pays où le rôle des institutions publiques est primordial dans la mise en œuvre des décisions d’intérêt général, alors que son homologue gouverne une nation d’une tout autre sensibilité. A la rigueur, il peut décider tout seul de ce qui est bon pour son pays, cependant que l’autre en référera toujours à des filtres classiques incontournables. On le voit avec le bras de fer qui oppose le président américain aux élus démocrates sur le projet du mur qu’il tient à ériger à la frontière avec le Mexique.

Une autre explication qui fait dire aux observateurs de la scène américano-nord-coréenne que la réunion Trump-Kim de Hanoï n’a pas été un succès est l’absence d’une promesse ferme pour les deux dirigeants de se revoir prochainement, comme ce fut le cas après l’enthousiasmant sommet de Singapour. D’ici là, d’ailleurs, le champ politique du pays de l’oncle Sam s’animera en prévision de l’élection présidentielle de l’année prochaine.

Pour ce qui concerne le président Donald Trump, probable candidat à sa propre succession, si les affaires de justice qui le visent l’épargnent, il se lancera à la conquête d’un second mandat. Le temps de revoir son ami manquera nécessairement. Avec l’espoir qu’il avait mis de voir son pays sortir du carcan des sanctions qui le frappent, peut-être Kim pourrait-il adresser une ultime lettre à Trump pour lui dire « Aide-moi, mon ami ! ». En lui souhaitant des bonnes élections ? Enfin, on a tous besoin de quelqu’un de sensible à ses problèmes.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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