Elections sénatoriales: large victoire du Front commun pour le Congo

Samedi 16 Mars 2019 - 15:07

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La plate-forme électorale de l'ancien président, Joseph Kabila, raflerait la majorité des sièges à la chambre haute du parlement, y compris dans les bastions de la coalition Cap pour le changement (Cach) de l'actuel chef de l'Etat.

Décidemment, le Front commun pour le Congo (FCC) ne veut rien lâcher dans son obstination à contrôler l’appareil de l’Etat à travers les institutions de la République. Après avoir réalisé un carton plein lors des législatives nationales et provinciales en revendiquant la majorité des sièges dans les deux assemblées, ce regroupement politique revient en force, cette fois-ci, en faisant un ras-de-marrée aux dernières sénatoriales. Les résultats provisoires, publiés le 15 mars par la Centrale électorale à l’issue des scrutins organisés dans vingt-quatre provinces sur les vingt-six que compte le pays - en attendant les élections de Yumbi, Beni et Butembo - donnent la plate-forme dont Joseph Kabila est l’autorité morale largement vainqueur.          

En effet, sur les cent huit sièges mis en jeu, le FCC en a remporté quatre-vingt-douze, en plus de Joseph Kabila devenu sénateur à vie, contre à peine six pour la coalition Lamuka et trois pour le Cach. Les candidats sénateurs du FCC ont bien tiré leur épingle du jeu dans les différentes assemblées provinciales, tant dans la capitale que dans l’arrière-pays, en mettant toutes les chances de leur côté. Ils ont joué notamment sur la discipline du vote qui, malheureusement, n’a pas été l’apanage d'autres regroupents politiques.

L'UDPS en déroute dans son fief naturel

Le FCC a paradoxalement raflé des sièges même dans les provinces réputées être des bastions de l’opposition d'hier, à l’image du Kasaï oriental, du Kasai, de Lomami, du Kasaï central. Pire, l’Unuion pour la démocratie et le progès social (UDPS) de félix Tshisekedi, le parti-phare du Cach,  n’a gagné aucun siège à Kinshasa, malgré ses douze députés provinciaux. Ces derniers ou ceux de Lamuka n’ont pas réussi  à influencer le vote dans des assemblées majoritairement acquises à la cause du FCC, au grand désenchantement de leurs militants. Une humiliation que l’UDPS a du mal à digérer.

Pour la « Kabilie », cette énième victoire électorale consolide le FCC dans son statut de première force politique du pays. De quoi repositionner politiquement certaines têtes couronnées de cette plate-forme à l’image de Bahati Lukwebo, Evariste Boshab, Kazadi Nyembwe, Denis Kambayi, André Kimbuta et autres.

« Le FCC invite ses membres députés provinciaux à demeurer mobilisés en vue des élections restantes des gouverneurs et vice-gouverneurs prévues pour bientôt », a exhorté Néhémie Mwilanya, le coordonnateur du comité stratégique du FCC, qui voudrait voir son regroupement politique aller jusqu’au bout en remportant le  dernier challenge électoral restant, celui de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs.

Les députés des différentes assemblées provinciales ont, par ailleurs, renouvelé leur confiance à l’endroit de six anciens sénateurs seulement élus en 2007. Il s’agit de Léonard She Okitundu (ex-ministre des Affaires étrangères), de Michel Bongongo (ex-ministre de la Fonction publique), des généraux Omba Pene Djunga et Mohamed Bule, de Bijou Ngoya et de John Tibasima.   

Félix Tshisekedi, un chef de l'Etat figurant?

reduit Enfin, avec cette prépondérance du FCC dans les institutions parlementaires (Assemblée nationale, assemblées provinciales et Sénat), il va sans dire que la marge de manœuvre du président de la République pour appliquer sa politique devient de plus en plus étriquée. Son pouvoir devient, à cet égard, fragile et peut à tout moment vaciller si jamais la majorité FCC décidait d’appliquer l’article 166 de la Constitution qui lui octroie la possibilité d’engager des poursuites ou de mettre en accusation le président de la République ou le Premier ministre. La décision est, de ce fait, votée à la majorité des deux tiers des membres du parlement composant le Congrès, suivant la procédure prévue par le règlement intérieur.

Pour l’heure, un tel scénario est peu envisageable dès lors que Joseph Kabila et Félix Tshisekedi ont résolu d’administrer ensemble le pays, dans le cadre d’une coalition gouvernementale. La stabilité des institutions de la République, après la première alternance pacifique, est pour ainsi dire tributaire de cette entente entre les deux personnalités.

Rappelons tout de même que bien avant ces élections sénatoriales, des soupçons de corruption ont circulé dans le pays. Et certains candidats, dont le Pr Mabi Mulumba, se sont retirés de la course.

Alain Diasso

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