Bassin du Lac Tchad : José Graziano da Silva promeut le développement de l'agriculture durable

Mardi 2 Mai 2017 - 16:38

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Le directeur général de la Fao, José Graziano da Silva, préconise des investissements significatifs dans le domaine de l’agriculture et de la lutte contre le changement climatique dans la région  du Bassin du Lac Tchad, sécouée par une crise tant humanitaire qu' écologique.

José Graziano a visité N’Djamena au Tchad, Maiduguri au Nigeria. Il a présenté la stratégie d’intervention de la Fao (2017-2019) pour la crise dans le Bassin du Tchad. Quelque 7 millions de personnes risquent de souffrir gravement de la faim dans la région qui comprend le Cameroun, le Tchad, le Niger et le nord-est du Nigeria. José Graziano a déclaré : « La crise qui sévit dans la région du Bassin du Lac Tchad, déchirée par les conflits, a pour cause des décennies de négligence, une absence de développement rural et les effets du changement climatique. Le seul moyen de garantir une solution durable  serait de faire face à ces questions en investissant notamment dans l’agriculture durable ». Il a expliqué qu’il ne s’agit pas simplement d’une crise humanitaire, mais aussi d’une crise écologique.

Le Dg de la Fao s'est rendu aussi dans certaines zones de la région du Bassin du Lac Tchad, les plus touchées, notamment au Tchad et dans le nord-est du Nigeria. Dans ce dernier cas ce sont près de 50 000 personnes qui sont confrontées à la famine. Pour lui, c’est un conflit  qui « ne saurait être résolu uniquement par les armes. C’est une lutte contre la faim et la pauvreté dans les zones rurales de la région du Bassin du Lac Tchad ». Ajoutant : « la paix est une condition essentielle » pour résoudre cette crise régionale. Ce qui ne suffit pas. Il pense que « l’agriculture, y compris la pêche et l’élevage, ne peut plus être considérée comme secondaire. C’est ce qui permet de produire des aliments et de maintenir les moyens d’existence de près de 90 pour cent de la population de la région ».

La sécheresse facteur aggravant de la situation du Bassin du Lac Tchad

Alors que les conflits et les violences sont à l’origine de la plupart des souffrances, les effets de la dégradation de l’environnement et du changement climatique, à savoir les sécheresses successives, aggravent la situation, a indiqué José Graziano. Depuis 1963, le Lac Tchad a perdu près de 90% de sa masse d’eau, provoquant des conséquences dévastatrices sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations qui dépendent de la pêche et d’activités agricoles basées sur l’irrigation pour leur survie.

Pendant que le Lac Tchad s’amenuise, la population grandit avec l’arrivée de millions de déplacés provenant des zones les plus affectées par les conflits. Une assistance alimentaire et un appui à la production sont désormais nécessaire et de toute urgence. En collaboration avec les Nations unies, la Fao appelle la communauté internationale à agir de manière urgente. « Une assistance alimentaire immédiate et un appui à la production seraient les seuls moyens permettant de s’attaquer à l’ampleur du problème de la faim dans la région », a réclamé le Dg de la Fao.

« Si les agriculteurs ratent la prochaine saison de semis, prévue pour le mois de mai/juin, ils n’auront aucune récolte importante jusqu’en 2018. Si la production alimentaire n’est pas rétablie maintenant, cela entraînera l’aggravation d’un état de famine sévère et généralisé, ainsi qu’une dépendance prolongée de l’aide extérieure à l’avenir », a-t-il ajouté.

Un plan d’investissement nécessaire pour éviter le pire

Parmi les principales activités figurent la distribution de semences de céréales et de nourriture pour les animaux, des transferts d’argent et les soins vétérinaires. Ces activités permettront aux agriculteurs déplacés et les rapatriés volontaires de bénéficier d’une récolte substantielle, de  réapprovisionner leurs stocks de nourriture et prévenir les pertes d’animaux parmi les éleveurs vulnérables. Mais le déficit en matière d’assistance internationale est préoccupant. Des 62 millions de dollars indiqués dans le Plan de réponse humanitaire pour le Nigéria, seulement 12,5 millions de dollars ont été rassemblés par la Fao.

Le cas de  la région du Bassin du Lac Tchad n’est pas isolé. D’autres régions et pays africains subissent les difficultés de différentes manières, avec parfois des tensions d’origine ethnique ou religieuse, exacerbées par le chômage notamment des jeunes et la pauvreté rurale, qui pourraient dégénérer en véritables crises. La promotion et le soutien des pratiques durables en mesure de permettre aux populations rurales de s’adapter aux effets du changement climatique et à la rareté croissante de nombreuses ressources naturelles, notamment l’eau et les forêts font partie des solutions viables. 

Noël Ndong

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