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La déclaration du 12 décembre 1975

Vendredi 10 Janvier 2014 - 0:05

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Le 12 décembre 1975, c’était il y a presque quarante ans, trente-neuf pour être précis, une éternité… Peu de gens s’en souviennent. Moi, y compris, n’eût été Aurélien Bongouandé, lecteur assidu de ces « Brins d’histoire », qui me rappelait avec justesse ce qui aurait dû être écrit à la date du 12 décembre 2013 : la déclaration du 12 décembre 1975. La Révolution et ses corollaires, il est vrai, aujourd’hui, n’ont plus, désormais, que la majesté des choses démodées.

La déclaration du 12 décembre 1975… De quoi s’agit-il ? D’un texte diffusé après la session extraordinaire du comité central du PCT réunie du 5 au 11 décembre 1975 à Brazzaville. Le président Marien Ngouabi avait recommandé à un groupe de six camarades, comme on disait à l’époque, d’élaborer une synthèse des travaux. Sassou-N’Guesso Denis, Sylvain-Goma Louis, Thystère-Tchicaya Jean-Pierre, Okandza Jacob, Bongouandé Émile-Aurélien et Gombé Jean-Pierre furent commis à cette tâche, qui accoucha de ce texte, qui allait devenir la déclaration du 12 décembre 1975.

Cette déclaration résultait des critiques et de l’autocritique faites par les 45 membres du comité central du PCT sur la situation préoccupante qui prévalait dans le pays, caractérisée par le fait que les entreprises d’État mises en place par la Révolution en vue d’un combat économique ne vivaient plus et constituaient désormais le talon d’Achille de la lutte de libération, et que la direction politique manquait de cohésion et de dynamisme. Pour ces raisons, la Révolution risquait d’être récupérée par les forces réactionnaires de l’intérieur et de l’extérieur. Il fallait donc une action révolutionnaire vigoureuse en vue d’un redressement salutaire et d’une accélération du mouvement révolutionnaire au Congo. Le comité central décida d’engager un mouvement politique profond, la radicalisation.

Comme le rappelle Émile-Aurélien Bongouandé, alors secrétaire permanent du bureau politique du comité central du PCT chargé de l’organisation et de l’administration : « La mission essentielle de la radicalisation était de modifier qualitativement et de juguler la situation décriée, de lier la théorie à la pratique, de mobiliser le peuple congolais pour accélérer la lutte de libération nationale, en vue du socialisme. Le comité central en avait appelé à la conscience du peuple travailleur pour supporter toute épreuve et tout désagrément qui pourraient résulter d’un changement de mode de vie artificiel auquel l’avait habitué l’impérialisme. Ce mouvement de radicalisation, qui se voulait profond, devait gagner progressivement, mais fermement, tous les milieux : la ville, la campagne, l’usine, l’atelier, le bureau, l’école, la caserne, ainsi que tous les secteurs de la vie nationale… l’économie, l’éducation, la culture, la justice, la presse, etc. Le comité central du PCT avait indiqué que pendant toute la phase de radicalisation du processus révolutionnaire, les cadres et les vaillants combattants de l’Armée populaire nationale devaient soutenir ce mouvement et assurer la sécurité du peuple et les acquis de la Révolution des 13, 14 et 15 août 1963, pour que tout soit pour le peuple et rien que pour le peuple. » Tout un programme, ajouterons-nous. Mais la déclaration du 12 décembre 1975 et la Révolution ont, depuis, sombré dans les décombres de l’histoire.

Un pan de l’évolution récente de notre pays disparaît, progressivement, dans l’anfractuosité de la mémoire. « Brin d’histoire », pour combattre l’oubli, nous invite à l’exploration et à l’appropriation de toutes les péripéties de notre histoire, pour savoir d’où nous venons, afin de tracer des perspectives d’avenir en nous servant de l’héritage de ces temps forts, comme celui de la déclaration du 12 décembre 1975, qui ont modelé le Congo d’aujourd’hui. Notre histoire, jonchée de tragédies, n’aura pas été un long fleuve tranquille. Ne l’oublions pas.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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