Les Congolais et leurs habitudes alimentaires

Samedi 12 Octobre 2013 - 9:00

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D’après nos investigations, les Congolais ne se nourrissent pas tous de la même manière. Il en va des départements, de la fonction sociale, de l’environnement ou encore de l’éducation. Aperçu sur ce qui pourrait devenir un mal si au nom de la modernité trop d'ingrédients, inutiles ou presque, étaient  incorporés dans nos plats

Avec la modernité – appareils électroménagers, télévision et autres –, des changements interviennent peu à peu dans les ménages sans que les premiers intéressés ne s’en aperçoivent. Combien ont délaissé les plats basiques de l’enfance pour des menus mieux composés ? Sans parler de l’ajout de ketchup, de mayonnaise, de moutarde, etc. Combien consomment simplement ce que la nature offre en chaque saison ? À cela s’ajoutent des interrogations comme l’accessibilité à certaines denrées, par exemple le safou, qui en cette période est peu visible sur les étals des marchés. La question se pose également du coût du produit : le safou coûte cher, de 1 000 à 2 000 FCFA le tas.

Stanislas, la cinquantaine, explique que sa mère préparait l’oseille tout simplement avec un peu d’eau et de sel. Quand il a quitté ses parents à l’obtention de son BEMG dans les années 1970, il a découvert en venant s’installer dans la capitale un début de modernité. Peu à peu, il a appris à préparer l’oseille avec un soupçon d’huile végétale, ce qui, à son avis, a donné à ce plat un autre goût.

Modernisme ou danger ?

Les exemples comme celui-ci sont nombreux. Citons le bouillon de légumes où l’on constate de nouveaux apports, tels que le sel de Chine, l’huile végétale, le cube ou le fameux atrone, substance argileuse que nos mamans utilisent pour préserver la coloration initiale des légumes. Nos grands-parents cuisinaient-ils de la même manière ? Qu’apporte cette modernité ? En outre, les condiments cités sont-ils sans danger pour la santé ?

Le cas du sel de Chine en l’occurrence est inquiétant. Ce sel joue certes son rôle dans certaines cuisines, mais de plus il s’avère être un bon détergent ! Employez-le autrement que dans la cuisson de vos plats et vous verrez ! Un essai bien connu est celui de l’utilisation de ce sel sur nos vêtements « blancs » sales. Après les avoir trempés dans de l’eau avec ce fameux sel, vous constaterez qu’il remplace aisément l’eau de javel ! Une autre utilisation est de laver avec nos marmites qui noircissent à cause du bois de chauffe. Lavez vos marmites avec ce sel, elles seront comme neuves !

Avec cet exemple patent, pouvons-nous croire que ces produits, pour la plupart importés, sont sans conséquence sur notre santé ?

Comment se composent nos menus ?

Hormis la qualité des aliments que nous consommons, intéressons-nous à ce qui compose nos plats, notamment à la culture de la mesure. Les Congolais n’ont pas pour habitude de mesurer la quantité d’aliments à consommer à l’aide d’une balance. Ils le font arbitrairement selon le montant proposé pour la popote (voir le dossier présenté dans une édition précédente). Comme quoi tout est lié…

Dans d’autres pays, les choses se font de manière mieux structurée : en Italie, par exemple, pour un plat à base de pâtes alimentaires tout se mesure à l’aide d’une balance ou simplement en se référant au poids indiqué sur l’emballage. Un fait réel est porté à notre réflexion : toujours en Italie, une employée de maison, une Congolaise de Brazzaville, dont on ne dévoilera pas le nom, s’est évanouie après de longues heures de travail. D’après elle, elle ne mangeait pas suffisamment, ses employeurs avaient pour habitude de lui indiquer la quantité de nourriture à consommer, tout simplement !

Un repas type chez nous, en effet n’est pas mesuré ; on consomme souvent trop lourd et mangeons lorsque l’appétit se présente. Qu’en est-il de ce que nous mangeons ? Un peu de tout, n’ayant pas le souci d’aller à la plage et donc de faire attention à la ligne, les repas à chaque période de l’année se composent presque tous de la même manière. Foufou ou manioc à gogo (sans exagérer), poisson ou viande sous forme de bouillon ou avec un fond de sauce, reflet de ce que nous avons l’habitude de présenter dans la rubrique « Saveurs » de notre édition du samedi.

La nature fait bien les choses

Si l’on voulait profiter des produits saisonniers, cela serait une riposte positive aux mauvaises habitudes alimentaires que nous pouvons constater dans certaines couches sociales. Les chrétiens préciseront que Dieu a instauré la fréquence des produits selon les saisons. Chenilles, asperges, mangues, et bien d’autres produits consommés en leur temps peuvent sans danger nous aider à rester en bonne santé.

Gastronomie : les grillés des barbecues de Brazzaville

De la vente de viande de bœuf, de poulet et de poisson à la cuisson au barbecue, tant chez les particuliers que dans les restaurants informels de Brazzaville, les règles élémentaires d’hygiène sont souvent ignorées. Selon Edwige Akouli, spécialiste du barbecue, les bactéries se multiplient par deux toutes les vingt minutes à température ambiante. Les aliments doivent donc être maintenus de 4 °C à 7 °C avant et après cuisson. Conserver les aliments grillés en dessous de 7 °C permet de bloquer la prolifération des mouches et des bactéries.

Le principe de cuisson sur gril de bois épais placé haut au-dessus d’un feu de braises doit obéir aux règles d’hygiènes suivantes : éviter les mouches après la cuisson ; bien nettoyer les grilles pour éviter les graisses coagulées ; conserver viandes et poissons cuits au-dessus de 65 °C ou les placer rapidement au réfrigérateur ; cuire à 10 centimètres au-dessus des braises afin d’éviter l’absorption les toxines cancérigènes.

« À tout moment, nous ne mélangerons pas le cru et le cuit. Il nous faut des ustensiles pour la manipulation de la viande (ou du poisson) crue et d’autres pour la manipulation de la viande cuite afin d’éviter la propagation des bactéries dangereuses présentes sur la viande crue. Les plats seront placés à l’abri du soleil et exposés le moins longtemps possible à la température ambiante », affirme Edwige Akouli.

Prudence, car la cuisson d’aliments à des températures élevées, en particulier en contact direct avec la flamme, conduit à la formation en surface de composés chimiques dont certains, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, et notamment le benzopyrène, ont des propriétés cancérigènes.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta