« L’invention des arts primitifs » au Musée du Quai-Branly

Lundi 8 Juillet 2013 - 10:00

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Charles Ratton, précurseur dans la reconnaissance des arts venus d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique, est mis à l’honneur au Musée du Quai-Branly du 25 juin au 22 septembre 2013

C’est la première exposition jamais consacrée à cet homme discret, mais très influent dans le monde de l’art des années 1920 aux années 1980. L’intérêt pour les objets venus d’Afrique et d’Océanie existait avant lui, mais était principalement le fait des anthropologues. Charles Ratton (1897-1986) a été l’un des premiers à les reconnaître et à les faire reconnaître comme œuvres d’art. « Il a été l’inventeur des arts primitifs en défendant de façon décisive un nouveau regard sur les arts non occidentaux. Cette exposition, la première qui lui soit consacrée, aspire à lui rendre l’importance qui fut la sienne », a confié à l’AFP Philippe Dagen, historien de l’art et commissaire de cette exposition.

Il n’était pas prédestiné à cela : fils d’une modiste de Mâcon, il monte à Paris pour étudier le Moyen-Âge à l’École du Louvre, découvre les arts premiers vers 1920 et y consacre sa vie. À la fois collectionneur, galeriste, expert (à Drouot dès 1931), marchand, son but était de valoriser ces arts sur la scène internationale. Sa galerie a été en quelque sorte le premier musée d’arts premiers au monde.

De nombreux artistes comme André Breton, Joan Miro, Paul Éluard, Jean Dubuffet ou Yves Tanguy ont été les alliés de Charles Ratton dans sa défense des arts premiers et des civilisations que le colonialisme a longtemps méprisés. Il a participé à la revue Présence africaine et a également conseillé le cinéaste Alain Resnais pour son fameux documentaire Les statues meurent aussi. Il a souhaité offrir le meilleur de sa collection au Musée du Louvre dans les années 1980, mais l’institution n’ouvrira ses portes à l’art extra-occidental qu’en 2000, après avoir refusé à plusieurs reprises ses propositions de dons.

Plus de 200 œuvres et documents d’époque retracent son parcours en France et aux États-Unis dans cette exposition. Des pièces d’exception jamais montrées y figurent, offrant un large éventail des arts premiers de plusieurs continents. Plusieurs œuvres kongo sont visibles : un sceptre royal du royaume Kongo en ivoire, un tambour de bois du xixe siècle en forme de bovidé, une série unique de coiffures anciennes photographiée par Man Ray, une statuette Nkisi conservée d’ordinaire au Metropolitan Museum of Art de New York et une sculpture Kuyu en bois et pigments issue de la collection du Musée Dapper (photo ci-contre).

Pauline Pétesch

Légendes et crédits photo : 

Sculpture Kuyu issue de la collection du Musée Dapper