Lire aussi :

Nollywood : poumon du cinéma africain

Samedi 23 Novembre 2013 - 9:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’Afrique a son label cinéma au Nigeria. Alors que les États-Unis écrasent le monde de leurs superproductions de Hollywood (le bois sacré), le continent s’est lui aussi débrouillé pour se démarquer par une production cinématographique importante. Toutefois ni par les moyens, ni par les thèmes choisis elle ne saurait rivaliser avec le géant hollywoodien. Elle n’est pas davantage comparable au deuxième grand pôle cinématographique au monde, Bollywood, le grand centre de production de Bombay (Mumbay), en Inde

Mais Nollywood, qui se situe à Lagos, capitale du Nigeria, se débrouille quand-même et si ses réalisations ne franchissent que rarement les frontières du continent, il se porte comme un charme. Et ce n’est pas parce qu’il n’arrive pas à percer et faire partie du Festival de Cannes, mais seulement par de petites réalisations en caméras non professionnelles, à peine à même de réaliser des DVD, pour des budgets dont les plus forts ne dépassent pas les 10 000 euros (6,5 millions FCFA), quand la réalisation du film Titanic a coûté 285 millions de dollars !

Alors, à quoi attribuer le succès de Nollywood ? À la simplicité de ses moyens, justement ! Les acteurs ne sont pas des professionnels, les studios sont de simples chambres décorées à qui mieux-mieux : pas de contrat mirobolant, « l’acteur » est payé quelques pièces sitôt sa prestation terminée. Même le circuit de distribution ne dépend, bien souvent, que de l’étendue des relations du producteur. Mais, plus que tout, ce sont les thèmes abordés qui font son succès jusque dans les petites salles de fortune de Brazzaville.

Nollywood bâtit ses scénarios, invariablement, sur des thèmes bien prégnants en Afrique : la sorcellerie, l’infidélité de conjoints ou l’infidélité aux ancêtres et à Dieu, les faux pasteurs et les fausses prophéties… Ces productions, les fameuses karatchika, font un tabac, surtout auprès des jeunes. La performance est d’autant plus louable que pour des productions réalisées en anglais il n’est pas évident qu’elles percent en Afrique francophone. Pourtant, c’est bien le cas grâce à des traductions simultanées plus ou moins approximatives en lingala ou en munukutuba pour ce qui est du Congo. Pour une fois, l’Afrique consomme africain et en redemande !

Luce-Jennyfer Mianzoukouta