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Quand l’école privée crée la confusion en matière de tenues scolaires

Lundi 11 Novembre 2013 - 0:22

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L’institution de l’uniforme scolaire dans les années 1970 avait pour but essentiel de mettre fin aux clivages sociaux entre les enfants des nantis et les autres. Car par manque de beaux habits, certains étaient frustrés et cela laissait peut-être paraître le statut social de leurs parents. Du coup ils n’assistaient plus aussi bien aux enseignements.

La tenue scolaire permettait également de distinguer un écolier d’un collégien, voire d’un lycéen. Aujourd’hui, avec la prolifération des écoles privées, la tenue scolaire a perdu sa valeur de jadis et occasionne de vraies confusions dans les établissements scolaires, dans les quartiers, voire dans la société tout entière avec des agissements pouvant conduire à des actes « antiscolaires » si bien qu’il est difficile de dire que tel élève fréquente telle école et est en telle classe. On revient aux années 1980 où du fait d’une même tenue scolaire et de la proximité entre le lycée de la Révolution et le collège Gampo-Olilou, par exemple, des lycéens venaient occuper des salles de classe du collège pour semer la pagaille.

On fut donc amené à différencier l’uniforme porté au collège et celui porté au lycée dans les années 1982 et 1983. Aujourd’hui, ce problème revient au galop, car l’uniforme scolaire que portent de nombreux élèves des écoles privées crée une vraie confusion. Nombreuses sont les écoles privées où les élèves du collège portent des tenues scolaires de lycéens et les lycéens des uniformes réservés aux collégiens. Comment s’y reconnaître dans cet imbroglio ?

Et ces confusions qui tendent à se généraliser créent de nombreux cas d’indiscipline chez les enfants. D’abord au niveau familial, ensuite dans la société et enfin à l’école. De jeunes collégiens grâce à ces tenues scolaires qui ne les distinguent plus trompent tout le temps la cohorte de leurs parents que sont tantes, oncles, grands-parents, frères, cousins, neveux, nièces et autres. « Je viens d’obtenir mon BEPC cette année-ci, je m’habille donc ainsi. J’attends de vous un cadeau de congratulation », disait un neveu au cousin de son père qui avait bien accueilli le mensonge habilement monté par l’élève grâce au port d’une fausse tenue scolaire.

Dans des quartiers, des groupes d’élèves fréquentant des établissements scolaires différents et portant les mêmes uniformes usent de comportements que l’on pourrait qualifier de « rejets du niveau scolaire réel ». Ils disent être au niveau supérieur grâce à la tenue alors qu’il n’en est rien. Et ce au sein même des établissements scolaires que les Congolais ont pris l’habitude d’appeler « complexes scolaires » même si ceux-ci n’ont qu’un cycle. Certains élèves des classes inférieures évitent souvent de porter l’uniforme les catégorisant, préférant celui réservé aux élèves qui sont dans les classes d’examen, c’est-à-dire en troisième et en terminale.

Pire, ces tenues scolaires propres à tel ou tel établissement sont devenues des éléments d’identification pour les élèves entre eux, si bien qu’il est rare de passer toute une année scolaire sans entendre que les élèves de tel établissement scolaire se sont frottés pour un rien à ceux de tel autre établissement. La tenue scolaire est devenue comme un symbole de trahison. Il y a là une vraie préoccupation sociale qui alimente certaines conversations entre parents, enseignants et élèves eux-mêmes.

Les autorités en charge de ces questions doivent mettre fin à cette confusion au niveau du port des tenues disparates dans les écoles privées. Pourquoi les écoles privées ne porteraient-elles pas le même uniforme qui ne se distinguerait que par le logo ou l’insigne de l’établissement ? Par exemple, la tenue portée à l’École d’hier pourrait être la même qu’à l’École Victor-Hugo, seuls les logos les différencieraient.

Encore que dans la recherche de solutions à cette confusion, certaines écoles privées ont décidé de ne plus exiger le port de l’uniforme par leurs élèves et cela a recréé sans nul doute la mauvaise ambiance des années avant 1970 que les pouvoirs publics avaient souhaité faire disparaître pour effacer les clivages sociaux. Notons par ailleurs que dans certaines écoles, des groupes d’élèves se forment pour faire de la tenue scolaire un véritable élément de Sape, avec des accoutrements extravagants qui heurtent même la pudeur. Est-ce le rôle qu’avait la tenue scolaire autrefois ?

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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