Mode : Sarah entend saisir sa chance !

Jeudi 23 Juin 2022 - 13:00

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Le bonheur fait parfois la sourde oreille à l’appel des vœux qui nous sont les plus chers. Sarah Nguimbi, jeune mannequin de Pointe-Noire, entend malgré tout se faire une place au soleil dans l’univers de la mode, en dépit de sa déficience auditive.

C’est une prédisposition génétique qui lui vient de son père, aujourd’hui retraité et ex-chef comptable d’une entreprise d’import-export, avec lequel elle n’a pas grandi. Malentendante depuis l’âge de 7 ans et élevée par sa mère institutrice,  Sarah est née à Dolisie, capitale de l’or vert, avant de plier bagage en 1999 pour Pointe-Noire.  En classe de primaire, toujours installée sur les premiers bancs, elle se doit de lire les exercices sur les cahiers de ses camarades. Il lui faudra surtout  apprendre à lire sur les lèvres ! L’élève est studieuse et, en dépit de toutes les difficultés, elle obtient un Bac G2 au lycée Charles-Montesquieu. «  En classe de quatrième, à force d’économie, ma mère m’avait acheté  une prothèse auditive et, en classe, j’entendais même chanter les oiseaux dans la cour. Un bonheur de courte durée, l’appareil est tombé en panne un mois plus tard. Ma mère en a pleuré  », se souvient-elle.  

A l’Ecole supérieure de gestion et d’administration des entreprises de Brazzaville, la difficulté monte d’un cran. «  Les salles étaient plus vastes, lire au loin sur les lèvres plus difficile.  Pour que je réussisse mes études, ma mère m’a de nouveau acheté une prothèse. Pas de chance, la prothèse n’a fonctionné que trois mois seulement. J’ai du m’accrocher pour obtenir ma licence en gestion financière en 2016 », poursuit Sarah, âgée aujourd’hui de 26 ans.

Passionnée du monde de la finance, Sarah Nguimbi l’est tout autant par celui de la mode. Son entourage lui a tant soufflé qu’elle avait le talent pour devenir mannequin qu’elle chausse, en 2018, de hauts talons pour tenter sa chance. Sa silhouette gracile et longiligne, l’élégance de sa marche et son talent n’échappent à personne, sa déficience auditive non plus, hélas. «  Que ce soit dans mes études ou dans la mode,  j’ai appris à être tenue à l’écart et à subir des moqueries du fait de mon handicap, ça forge un caractère. Mais parfois trop c’est trop.  Je suis restée huit mois à répéter dans le milieu du mannequinat, à passer des castings, sans jamais défiler.  Au final, c’était beaucoup de stress, alors, j’ai raccroché les talons hauts », regrette-t-elle.

Quatre années après, la passion reste têtue et certaines rencontres fortuites viennent parfois voler au secours des causes que l’on croyait perdues. «  C’est dans un groupe WhatsApp de femmes africaines entrepreneuses que je me suis liée d’amitié avec Rose Marie Bouboutou.  Au fil du temps, elle est comme devenue ma coach personnelle, elle croit en moi et avec elle, je me sens plus forte qu’avant, prête de nouveau à me battre pour que l’on me donne ma chance », dit Sarah. 

D’un naturel introverti et solitaire, la jeune femme n’en reste pas moins ouverte au monde, celui de la mode en particulier où elle rêve d’être mannequin et modèle photo. Nul doute qu’agences de mannequinat  et autres stylistes auront  à cœur de saisir l’opportunité de mettre à profit  le talent inné de Sarah Nguimbi avec respect pour cultiver sa différence. A bon entendeur ! 

 

 

Philippe Édouard

Légendes et crédits photo : 

Sarah

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