Afrique : le « travel ban » de Trump et ses implications sur le continentLa décision met en lumière une volonté de politique migratoire américaine qui, sous prétexte de sécurité nationale, cible principalement sept pays africains, renforçant ainsi une tendance de repli sécuritaire. La mesure concerne tous types de visas pour ces pays, sauf certaines catégories temporaires (diplomatiques, affaires). La justification officielle repose sur la non-coopération de ces pays dans le partage d’informations sécuritaires et la lutte contre le terrorisme. Elle fait suite à un incident récent à Boulder, Colorado, et ravive le souvenir du « travel ban » de 2017, déjà critiqué pour ses relents xénophobes, puis abrogé en 2021, et montre comment elle fragilise les relations diplomatiques et économiques entre Washington et le continent africain. Réactions des gouvernements africains La réaction des gouvernements africains, qui oscille entre dénonciation et volonté de coopération renforcée, illustre la complexité d’un contexte où la sécurité nationale est souvent invoquée pour justifier des mesures perçues comme injustes, « discriminatoires » et « dommageables » pour leurs relations avec Washington. La mesure, qui interdit totalement ou partiellement l'entrée sur le territoire américain à leurs ressortissants, suscite une forte condamnation diplomatique et populaire en Afrique, perçue comme déconnectée des enjeux de coopération sécuritaire. Certains gouvernements, comme la Somalie ou le Tchad, cherchent à renforcer leur coopération sécuritaire, mais dénoncent la brutalité de la décision. Impact sur la jeunesse et l’économie Ce genre de décision peut avoir des impacts profonds, notamment en limitant les opportunités d’échanges éducatifs, professionnels et culturels pour les citoyens de ces pays. Elle rappelle aussi les tensions et les défis liés à la migration et à la sécurité, tout en soulignant l’importance du dialogue et de la coopération internationale. En effet, la restriction des visas étudiants F1 a déjà empêché des familles burkinabè de scolariser leurs enfants aux États-Unis, risquant de détourner ces étudiants vers d’autres pays comme le Canada ou la France. La mesure pourrait freiner les échanges économiques et académiques, aggravant la fracture migratoire entre l’Afrique et les États-Unis. Climat politique et image de Washington La décision ravive les souvenirs de propos dégradants de Trump sur l’Afrique, renforçant l’image d’un partenariat perçu comme méprisant et sécuritaire. Depuis 2024, plusieurs programmes d’aide ont été gelés, accentuant la défiance, et la mesure s’inscrit dans un contexte de tensions accrues entre Washington et le continent africain. Enfin, pour les Africains, cette décision politique contribue à renforcer l’image d’un Occident qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, adopte parfois une posture méprisante et sécuritaire vis-à-vis de leur continent. Cela pourrait avoir des conséquences durables sur les échanges et la perception mutuelle, tout en soulignant la nécessité pour Washington de trouver un équilibre entre sécurité et partenariat respectueux.
Noël Ndong |