Les Dépêches de Brazzaville



Afrique subsaharienne : une croissance résiliente et des partenariats Sud-Sud à renforcer


Le dernier rapport Africa’s Pulse, publié ce mois-ci par la Banque mondiale, prévoit une croissance régionale de 3,8 % pour cette année, en hausse par rapport aux 3,5 % de 2024. Mieux encore, cette dynamique devrait s’intensifier pour atteindre une moyenne annuelle de 4,4 % entre 2026 et 2027. Mais derrière ces chiffres encourageants, des défis structurels persistent. Le marché du travail reste dominé par le secteur informel, peu productif, et ne permet pas de répondre aux aspirations d’une jeunesse en pleine expansion. Aujourd’hui, seuls 24 % des emplois dans la région sont rémunérés – un taux encore plus faible si l’on exclut l’Afrique australe.

Un modèle économique à repenser

Pour répondre à ces défis, la Banque mondiale appelle à un nouveau modèle de croissance axé sur les entreprises de taille moyenne et grande, capables de générer des emplois formels et durables. La transformation structurelle de l’économie est donc une priorité : industrialisation légère, numérisation, renforcement des chaînes de valeur locales et développement des infrastructures doivent être au cœur des politiques publiques.

Le rôle des relations Sud-Sud

Dans ce contexte, les partenariats Sud-Sud représentent une opportunité stratégique pour l’Afrique subsaharienne. Ces coopérations entre pays en développement - notamment avec l’Asie, l’Amérique latine et le Moyen-Orient - peuvent favoriser le transfert de technologies, les investissements croisés et le partage d’expériences de développement adaptées aux réalités locales. Des pays comme la Chine, l’Inde, la Turquie, le Brésil ou encore les Émirats arabes unis intensifient déjà leur présence sur le continent, que ce soit par des investissements dans les infrastructures, la formation, ou l’industrie légère. Ces relations, si elles sont équilibrées et transparentes, peuvent aider à construire des chaînes de valeur régionales intégrées et réduire la dépendance vis-à-vis des économies du Nord.

Vers une intégration africaine plus forte

Parallèlement, l’intégration économique régionale, à travers des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine, peut renforcer la position de l’Afrique dans les partenariats Sud-Sud. En créant un marché commun de plus de 1,4 milliard de personnes, le continent se donne les moyens d’attirer des investissements plus structurants et de négocier des accords plus équilibrés avec ses partenaires du Sud.

Une Afrique proactive sur la scène mondiale

Alors que la croissance ralentit dans des régions comme l’Europe (2,4 % attendus en 2025 contre 3,7 % en 2024) et que les tensions géopolitiques pèsent sur l’économie mondiale, l’Afrique subsaharienne doit saisir l’élan actuel pour redéfinir sa trajectoire de développement. En misant sur des coopérations Sud-Sud stratégiques, une transformation économique inclusive et une gouvernance renforcée, le continent peut devenir un pôle de stabilité et de prospérité à l’échelle globale.

 

 


Noël Ndong