Les Dépêches de Brazzaville



Afrique/États-Unis : l’avenir de l’Agoa menacé


Le rideau semble se tirer sur l’Agoa, un pilier de la politique commerciale américaine envers le continent africain depuis 2000. Faute de compromis au Congrès, le régime préférentiel qui facilite les échanges commerciaux doit expirer ce 30 septembre. Alors même que des discussions pour une extension provisoire de deux ans sont en cours, le climat d’incertitude pèsera lourd sur les exportateurs africains.

Selon le président de l’African coalition for trade, Paul Ryberg, la situation actuelle nécessite une décision urgente. « De nouvelles commandes ne seront pas passées tant que l’Agoa n’est pas renouvelé », a-t-il signalé. Il a ajouté que les usines africaines pourraient faire face à des licenciements, voire à des fermetures définitives si l'interruption dure trop longtemps. C’est également l’avis du fondateur du cabinet de conseil Manchester Trade, Stephen Lande, qui appelle à une solution rapide afin d’éviter un effondrement de la relation commerciale entre Washington et le continent aficain.

Certains pays africains, dont le Kenya et l’Afrique du Sud, intensifient leurs efforts diplomatiques pour convaincre Washington de maintenir l'Agoa. Une lettre adressée aux dirigeants américains met en avant l'importance de ce programme, qui soutient plus de 450 000 emplois aux États-Unis et génère des économies pour les consommateurs américains. Les diplomates plaident aussi pour une approche plus réciproque, avec des propositions d’élargissement du programme à l'Afrique du Nord et une révision des critères d’éligibilité.

Par ailleurs, d’autres voix poussent à l’accélération de la Zone de libre-échange continentale africaine pour rendre dynamiques les échanges commerciaux intra-africains. « L’Afrique est à un tournant. Elle doit passer du statut de bénéficiaire passif à celui de négociateur actif, capable de transformer ses atouts naturels et humains en leviers de développement durable », a souligné Dr Mamady Kamara, consultant en gouvernance et entrepreneuriat. De nombreux analystes africains espèrent que la fin de l’Agoa stimulera l’investissement et la croissance économique interafricains et générera une demande croissante de biens et services pour un marché d’1,55 milliard de consommateurs.


Fiacre Kombo