Les Dépêches de Brazzaville



Assistance : le gouvernement et les acteurs humanitaires lancent un appel de 1,82 milliard de dollars


Le gouvernement congolais et le coordonnateur humanitaire pour la République démocratique du Congo (RDC), David McLachlan-Karr, ont lancé le 28 février à Kinshasa un appel de 1,82 milliard de dollars. Cette enveloppe permettra de faire face à la crise humanitaire complexe aux multiples facettes qui touche le pays depuis des années. Le Plan d’action humanitaire 2020 vise, selon le résumé des points saillants de ce document présentés par le Bureau de l’ONU pour la coordination de l’aide humanitaire (Ocha),  à fournir une assistance à quelque 8,1 millions de personnes, dont 51 % de femmes.

Cet appel de 2020, rappelle Ocha, intervient alors que le pays vit dans une crise humanitaire majeure en raison d’un ensemble complexe de facteurs dont la violence et les conflits, les catastrophes naturelles, les niveaux élevés de pauvreté, la faiblesse des infrastructures publiques et le manque de services de base, qui continuent de générer des déplacements, la malnutrition, l’insécurité alimentaire, les épidémies et exacerbent les menaces de protection. La RDC a enregistré, au cours de cette période, son taux de financement le plus bas des six dernières années. En 2019, rappelle-t-on, un appel de 1,6 milliard de dollars n’a été financé qu’à 46 %, soit le taux de financement le plus bas depuis 2014.

Le pays le plus touché par les déplacements internes en Afrique

Le Plan de réponse humanitaire PRH 2020 est lancé dans un contexte où, avec cinq millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, la RDC est, à ce jour, le pays le plus touché par les déplacements internes en Afrique, et où sévissent deux grandes épidémies - la rougeole et Ebola – qui ont tué respectivement plus de 6 mille et 2 200 personnes. « On estime que 15,6 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire grave, soit le deuxième chiffre le plus élevé dans le monde et quelque quatre millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition sévère », souligne Ocha.

Pour la communauté humanitaire, le sous-financement, les contraintes d’accès, les capacités opérationnelles limitées dans certaines régions sont parmi les principaux obstacles à l’aide humanitaire. Mais, malgré ces défis, les acteurs humanitaires, tel que l’avait signifié le coordonnateur humanitaire, ont continué et continueront de travailler à l’avant-garde et de faire tout leur possible pour atteindre les personnes touchées.

Les acteurs humanitaires estiment que sans fonds suffisants, 8,1 millions de personnes ne seront pas en mesure de répondre à leurs besoins fondamentaux et que leur vie sera menacée, en particulier celles touchées par les mouvements de population « Jusqu’à 1,3 million d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition sévère aiguë pourraient perdre la vie », a relevé Ocha. Le financement sollicité, indique Ocha, permettra aux partenaires humanitaires, aux organismes, aux fonds et programmes des Nations unies et aux organisations non gouvernementales de fournir de la nourriture, de la nutrition, des services de santé, des programmes d’éducation d’urgence, de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, des services de protection, des abris non alimentaires essentiels à des millions de familles, en particulier dans les provinces de l’est et la région des Kasaï.

Au cours des trois dernières années et malgré quelques progrès dans certains domaines en 2019, note-t-on, le nombre de personnes dans le besoin a doublé, passant de 7,5 millions en 2016 à 15,6 millions en 2020. En 2019, 4,9 millions de personnes ont reçu une aide alimentaire d’urgence; 2,7 millions de personnes déplacées ont eu accès à des soins de santé de base et deux millions à l’eau potable; 1,4 million de personnes souffrant de malnutrition ont reçu des soins nutritionnels; six cent quatre mille écoliers déplacés sont retournés à l’école; deux cent trois mille personnes déplacées ont reçu un abri d’urgence, trente-cinq mille survivants de la violence sexiste ont eu accès à des services de soins, entre autres. Beaucoup plus auraient pu être fait si plus de financement avait été reçu.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

La couverture du document de PRH 2020