Les Dépêches de Brazzaville



Athlétisme, Franck Elemba conserve son titre de champion de France


Après sa médaille d’argent glanée mercredi dernier en Afrique du Sud lors des 20e championnat d’Afrique d’athlétisme, Franck Elemba a remporté, samedi, les championnats de France Elite. A Angers, le Gladiateur congolais a conservé son titre, acquis en 2015, grâce à un lancer à 20m60.

Avec trois lancers sur six à plus de 20 mètres (20m06, 20m46 et 20m60), il écrase la concurrence, puisque le deuxième, Frédéric Dagee, est distancé d’un mètre 39 (19m21). Et avec sa prestation angevine, Elemba dépasse son propre résultat de 2015 (20m24 à Villeneuve d’Ascq).

La belle moisson continue donc pour le champion congolais, qui multiplie les podiums ces dernières semaines (Dakar, Durban, Forbach, Rabat,...), alors que s’approchent les Jeux olympiques de Rio. Détenteur de la 11e performance de l’année 2016 (21m01 à Dakar), le Congolais, sociétaire du club de Franconville (EFCVO), est le meilleur performeur « français », loin devant les 19m52 de Gaëtan Bucki.

Dans l’entourage du club du Val-d’Oise, où le manque de soutien dont bénéficie Elemba de la part du Congo surprend, on évoque de plus en plus ouvertement le changement de nationalité du « Gladiateur ». Et plusieurs sources font état d’appels du pied de plus en plus prononcés de la part de la Fédération française d’athlétisme, qui verrait en Elemba la tête de gondole du poids français pour l’après-Rio.

Si Elemba portera bien les couleurs vert-jaune-rouge au Brésil, le risque de perdre le meilleur sportif congolais des dernières années est réel. Depuis les Jeux africains, le détenteur du record du Congo se plaint régulièrement de l’absence total de soutien financier de la part des dirigeants, des instances publiques et son sponsor local (AOGC). Un "abandon" qui le freine, aujourd'hui, dans sa quête des sommets.

« J’ai contracté des dettes pour pouvoir m’entraîner et faire la fierté de mon pays. Mais depuis les Jeux africains, il n’y a rien qui arrive. Pourtant, je remporte des meetings, j’ai battu le record du Maroc, je suis double champion de France, vice-champion d’Afrique dans des conditions difficiles. Je fais mon job, mais en pleine année olympique, imaginez-vous que je n’ai même pas les moyens de voir un ostéopathe. Pour mon entraîneur, c’est pareil : il n’a rien reçu des budgets de préparation qui avaient pourtant été validés. Comme il croit en moi, il paye de sa poche pour me suivre en compétition, comme au Mondiaux de Portland. Je fais partie des dix meilleurs lanceurs du monde, mais je n’ai aucune aide. On me dit que les temps sont durs, mais je coûte moins cher que les footballeurs qui ont été battus au Kenya. Là, j’ai la possibilité de m’entrainer dans des conditions proches de celles de Rio, à Cuba, mais je n’ai pas assez d’argent pour y aller. Est-ce comme ça qu’on prépare un évènement comme les JO ? », explique, plein d’amertume, le meilleur lanceur de poids de l’histoire du Congo. Pour combien de temps encore ?


Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Franck Elemba est monté sur la plus haute marche du podium, tandis que Jennifer Batu a manqué son concours (droits réservés)