Les Dépêches de Brazzaville



Avant-première parisienne du film « Les Rayures du zèbre »


Benoit PoelvoordeLes Rayures du zèbre, en référence au maillot de l’équipe de football de Charleroi en Belgique où le jeune joueur ivoirien Yaya Koné débarque après avoir été recruté par José, un agent gouailleur et baroudeur, dans les rues d’Abidjan. Persuadé d’avoir trouvé la perle rare, il le ramène en Belgique pour en faire un champion, mais rien ne se passe comme prévu…

Cette tragi-comédie illustre à merveille les qualités du cinéma belge contemporain : un humour noir et grinçant, des clichés poussés à l’extrême et le politiquement incorrect comme maître mot (en atteste le casque colonial porté par Benoît Poelvoorde sur l’affiche du film). Le football sert de prétexte au réalisateur pour aborder les rapports complexes et paradoxaux qu’entretiennent encore aujourd’hui l’Afrique et l’Europe, les incompréhensions mutuelles et les malentendus drôles ou moins drôles qui en découlent. Chacun en prend pour son grade : les néo-colons qui exploitent le continent, ceux qui pensent le sauver par des actions humanitaires… Malgré quelques maladresses, ce film réussit à évoquer autrement et sans faux semblants cette réalité.

Affiche du film

Le réalisateur belge Benoît Mariage signe ici son troisième long-métrage après Les convoyeurs attendent et Cowboy. On ressent dans son travail son expérience comme réalisateur pour le magazine de télévision Strip-tease, qui a véritablement renouvelé le genre du documentaire sociétal. L’idée de ce nouveau film est d’ailleurs partie d’un documentaire passé à la télévision belge où l’on voyait le désarroi d’un groupe de jeunes joueurs ivoiriens parachutés dans un club de la Flandre profonde, bradés par leur agent français en faillite.

Marc Zinga

Benoît Poelvoorde signe une très belle performance, il incarne parfaitement cet agent qui parle trop et trop fort pour cacher sa profonde solitude. Marc Zinga n’est pas en reste face à ce colosse du cinéma : il n’avait jamais joué au football auparavant, il s’est donc entraîné pendant six mois, s’est immergé avec les footballeurs locaux à Abidjan et a adopté l’accent abidjanais. Ce film est en effet à l’image de la francophonie : métissé ! Entre le français de Bruxelles parlé par José, le français flamand de Koen, et le français mêlé au nouchi ivoirien, on en prend plein les oreilles et c’est réjouissant.

Des débuts prometteurs au cinéma pour Marc Zinga, comédien à suivre !

Sortie en France : 5 février. De Benoit Mariage, avec Benoît Poelvoorde, Marc Zinga, Tatiana Rojo…


Pauline Pétesch

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Benoît Poelvoorde à l'avant-première du film. (© Adiac) ; Photo 2 : Affiche du film. (© DR) ; Photo 3 : Marc Zinga. (© Adiac)