Les Dépêches de Brazzaville



Aviation civile : les passagers de CAA bloqués à Kananga


L'agence CAA Kananga a commencé à se vider progressivement en début d'après-midi faute d'une solution à cette mesure d'interdiction qui ne manquera pas de peser sur la crédibilité de la compagnie aérienne dans un contexte de recrudescence de la concurrence avec l'arrivée de Congo Airways, la compagnie aérienne publique. " Il y a un mécontentement général de la population de Kananga. Certains des passagers se rendent à Kinshasa. Mais l'avion assure également d'autres liaisons, notamment celle en direction de Gemena en Équateur. Là aussi, les passagers sont bloqués. Il y a également ceux qui attendent à Kinshasa pour venir à Kananga. On apprend aussi qu'à Tshikapa, un avion de Kin Avia qui rentrait à Kinshasa a été requisitionné. On ne sait pas si la mesure concerne un certain nombre de compagnies aériennes mais beaucoup d'entre nous s'interrogent sur les liens possibles entre ces mesures et l'arrivée d'une nouvelle compagnie aérienne nationale", nous explique un des passagers contactés depuis Kananga. 

Après 22 ans de présence dans le ciel congolais, CAA a accumulé une riche expérience dans son secteur. Ces dernières années, elle est restée la seule compagnie aérienne à organiser des vols domestiques sur toute l'étendue du territoire national. Pour certains analystes, s'il s'avère que la compagnie est bien en règle avec le contrôle technique, cette mesure ressemblerait davantage à une tentative de mieux positionner la nouvelle compagnie dans l'espace aérien congolais. "Ce qui serait une concurrence déloyale", ont-ils poursuivi. Pour l'heure, le plaidoyer reste la seule démarche pour vider le contentieux en cours entre la compagnie aérienne et l'Autorité de l'aviation civile. "L'opérateur pourrait chercher à faire intervenir l'autorité gouvernementale pour lui permettre d'organiser un vol d'ici à mercredi prochain", ont-ils fait remarquer. 

Mais il y a une alternative pour les voyageurs. "Ils pourraient faire le déplacement vers Mbuji-Mayi, de l'autre côté de la frontière kasaïenne, pour monter à bord d'un avion CAA qui décollera demain de la capitale diamantifère vers Kinshasa. Mais la route n'est pas du tout pratique. En plus, il faut de l'argent pour faire ce voyage qui prend en compte également les changements nécessaires à effectuer sur les documents. Le voyageur ne quitte plus Kananga pour Kinshasa mais Mbuji-Mayi pour Kinshasa". 

Cette crise met au jour un véritable malaise qui prend racine dans le secteur aérien. Et les passagers de CAA Kananga se sentent comme pris en otage faute de connaître leur chance de pouvoir rentrer à Kinshasa dans l'immédiat. "On nous dit qu'il se peut que nous partons le mercredi mais nous n'avons eu aucune confirmation de la compagnie CAA. Nous espérons quand même que la mesure va être levée rapidement, ou qu'une solution soit trouvée car beaucoup parmi nous sommes en mission à Kananga. Pour ma part, il est exclu que je me rende par route à Mbuji-Mayi. Je suis découragé mais je prie que cette situation soit vite décantée", s'est plaint un passager.  Affaire à suivre.      


Laurent Essolomwa