Les Dépêches de Brazzaville



Biennale Euro-Africa : Montpellier, laboratoire du dialogue stratégique Euro-Afrique


Plus de 130 événements, 400 intervenants et 40 pays représentés : le rendez-vous se veut un levier d’un dialogue rééquilibré.« Il ne s’agit plus de parler à l’Afrique, mais avec elle », déclare Michaël Delafosse, maire de Montpellier, soulignant l’enjeu d’un partenariat horizontal. La biennale intervient dans un contexte de recomposition géopolitique marqué par la montée en puissance d’acteurs non-occidentaux (Chine, Russie, Turquie) sur le continent africain, les crises sécuritaires (Sahel), et des tensions migratoires croissantes. Avec 3,2 millions de demandes d'asile en Europe en 2024, la mobilité devient un enjeu stratégique.

Parmi les axes abordés, la coopération économique, l'innovation technologique, la jeunesse et la diaspora, mais aussi la sécurité régionale. Des initiatives telles que les corridors éducatifs euro-africains ou les partenariats industriels verts illustrent cette volonté de bâtir des ponts durables. « Le lien ne passe plus uniquement par les chancelleries, mais par les villes, les universités, les entrepreneurs », rappelle Fatoumata Kane, spécialiste en diplomatie urbaine.

Au-delà du symbole, cette biennale reflète une tentative d’intelligence économique : sécuriser des chaînes d’approvisionnement critiques (Lithium, cobalt), anticiper les mutations démographiques, et consolider un espace d’influence face à la concurrence mondiale. Reste à voir si cette dynamique pourra se traduire en coopérations opérationnelles et en réels transferts de pouvoir, dans un partenariat repensé à l’aune d’un monde multipolaire.


Noël Ndong