Les Dépêches de Brazzaville



Burkina Faso : Paul-Henri Sandaogo Damiba, nouveau président


« La France suit avec une  grande attention les événements en cours au Burkina Faso », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay. L’internet a été coupé . Les vols Air France ont été annulés. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) suit « avec une grande préoccupation » l’évolution de la situation «  caractérisée  par une tentative de coup d’Etat », peut-on lire dans un communiqué. L’organisation régionale « tient les militaires responsables de l’intégrité physique du président Roch Marc Christian Kaboré », arrêté et détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca).

Le président du Parlement, Alassane Bala Sakandé, et des ministres sont également aux mains des soldats. Roch Marc Christian Kaboré aurait été « exfiltré» de sa résidence le 23 janvier au soir, par des gendarmes de sa garde avant l'arrivée d'éléments armés qui auraient tiré sur les véhicules de son convoi. Des soldats mutins ont pris position devant la télévision nationale à Ouagadougou.

Dans la même veine, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a condamné « fermement la tentative de coup d'Etat contre le président démocratiquement élu » et a appelé l'armée et les forces de sécurité du pays « à s'en tenir strictement à leur vocation républicaine, à savoir la défense de la sécurité intérieure et extérieure du pays», dans un communiqué.

Un mouvement d'humeur des militaires pas forcément inattendu alors que le pouvoir apparaît fragile et que l'armée fait face à de très lourdes pertes, sans parvenir à contenir la violence djihadiste. Le gouvernement, dans un premier temps, a semblé contenir cette colère. Ces tensions interviennent au lendemain d’une journée mouvementée, où des manifestants ont réclamé, entre autres, la démission du président Roch Marc Christian Kaboré, le soutien aux Forces de défense et de sécurité ainsi  qu’à la junte au pouvoir au Mali, visée par des sanctions de la Cédéao. Ce coup de force militaire intervient à un moment où le Burkina Faso et l’Afrique de l’ouest sont confrontés à une profonde crise sociopolitique.

Comme ses voisins malien et nigérien, le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Malgré des opérations contre ces groupes, l’armée a du mal à contenir les violences qui ont fait plus de 2 000 morts en six ans, et contraint plus de 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers. Face à cette situation confuse, la position de la France est de plus en plus difficile à tenir dans la région.


Noël Ndong